On le sait depuis un certain temps déjà, l’année 2019 sera la dernière pour la vénérable Beetle de Volkswagen. Pour célébrer l’occasion, le constructeur a décidé de proposer ce qu’il appelle une édition finale, une version d’adieu… ou d’au revoir, l’avenir le dira. En gros, on parle d’une édition Wolfsburg pour notre marché, assortie de deux nouvelles couleurs et de quelques détails esthétiques ici et là ; il n’y a rien pour écrire à sa mère et, surtout, rien pour vraiment rendre hommage à un modèle qui a mis la compagnie au monde.
Pour les plus vieux, ça fait penser au traitement qu’avait reçu le légendaire Guy Lafleur lors de sa première retraite avec le Canadien de Montréal ; salut Guy et merci pour les services rendus ; rien de plus, rien de moins.
Une triste fin de parcours.
Mais qu’est-ce qui en est du modèle en tant que tel ?
Unicité
Qu’on aime ou non les lignes inimitables de la Beetle, lorsqu’on apprécie la différence, on est bien servi avec cette adresse. Pour ce tour d’honneur, la compagnie avancera chez nous l’édition Wolfsburg, tant pour la version coupée que pour la décapotable. Ces modèles proposeront deux coloris honorifiques rappelant ceux des dernières éditions de la Coccinelle originale dont la production s’est terminée en 2003.
On parle d’un beige et d’un bleu ; la première est empruntée à la New Beetle alors que la deuxième est inspirée de la version Jean Bug de 1970 et plus récemment, de la variante Denin introduite en 2016.
D’uniques jantes de 17 pouces, des rétroviseurs mariés à la couleur de la carrosserie ainsi que des jets de liquide lave-glace chauffants caractérisent cette livrée Wolfsburg. La déclinaison coupée de cette dernière sera proposée à un prix de 24 475 $ alors qu’il faudra débourser 4000 $ de plus pour la mouture décapotable. Dans les deux cas, un groupe d’option axé sur le style est offert à 1750 $. Il comprend des phares au xénon agrémentés de feux, de phares de jours ainsi qu’antibrouillard aux D.E.L. Le groupe livre aussi des sièges en cuir avec un motif brodé en forme de diamant ainsi que des sièges avant sport.
Quantité d’autres petites attentions marquent ces éditions, mais dans l’ensemble, ce n’est rien de renversant ; on imagine mal les collectionneurs attendre impatiemment ce dernier millésime pour en faire l’acquisition.
Une simple Beetle
Sous le capot, aucun changement. Les modèles d’adieux reçoivent le 4-cylindres de 2 litres du constructeur, un bloc qui annonce une puissance de 174 chevaux et un couple de 184 livres-pieds. À l’usage, on peut vous affirmer qu’il n’y a pas un cheval de plus au travail alors que la poussée demeure juste, spécialement lorsqu’on en a besoin. Pire, le délai de réponse de l’accélérateur est si important qu’il faut prévoir le moment où on a besoin d’accélérer vigoureusement. Or, si ça se planifie pour effectuer un dépassement sur l’autoroute, c’est l’inverse lorsqu’on se trouve dans une situation d’urgence qui exige qu’on s’extirpe d’un endroit illico.
Sur les routes environnantes de la ville de Puebla, au Mexique, là où des Beetle sont assemblées depuis 1964, nous avons ragé à plus d’une occasion. Si vous croyez les conducteurs d’ici impatients et impénitents, aller faire un tour là-bas !
Toujours est-il que pour obtenir le maximum de la mécanique, le passage manuel des six rapports de la boîte automatique est fortement recommandé. Hélas, il doit se faire via le levier situé à la console centrale ; des palettes au volant auraient été cette fois-ci les bienvenues.
Une vraie Volkswagen
Si cette dernière Beetle n’est pas plus impressionnante qu’il ne le faut et que ses organes mécaniques n’ont rien pour être cités en référence, il faut en revanche avouer que sur le plan de la conduite, l’expérience est nettement plus positive que négative.
Son châssis, partagé avec quantité de produits du groupe Volkswagen, y compris la Golf de sixième génération, est solide et assure au véhicule un bel aplomb. Sur le bitume, même lorsqu’il est truffé de nids-de-poule (plusieurs routes du Mexique nous rappellent le Québec au printemps), les éléments suspenseurs font de l’excellent travail pour maintenir le niveau de confort décent.
Bref, un bel équilibre. L’irritant, on y revient parce qu’il est majeur, c’est ce délai inacceptable à l’accélération ; imaginez une tortue forcée de courir pour sauver sa vie ; pénible !
Conclusion
En 2003, Volkswagen avait produit une Ultima Edicion de sa Beetle et en 2010, la New Beetle avait également eu droit à une édition finale. Ainsi, on a beau nous présenter cette Beetle 2019 comme la dernière de l’histoire, vous comprendrez notre scepticisme.
Ce qui semble plus évident, toutefois, c’est qu’on ne devrait pas revoir une Beetle conventionnelle sur le marché de si peu, et par conventionnelle on fait référence à sa motorisation à essence.
Lorsque ce modèle reviendra sur le marché (ce que l’on croit), il risque d’être entièrement électrique. La voiture électrique du peuple, pourquoi pas.
En attendant, malgré quelques fioritures et éléments distinctifs, c’est dans un anonymat et une indifférence palpables que se vivent ces derniers moments pour la Beetle. Une vraie édition hommage en aurait proposé plus, que ce soit avec une motorisation unique, un choix de coloris complètement flyé, des options inédites, etc.
Une fin sans histoire, donc, pour un modèle ayant marqué l’histoire.
