
Avec près de deux fois plus d’unités vendues que le deuxième véhicule électrique le plus populaire en 2024, le Tesla Model Y domine le segment des VUS électriques compacts au Canada. Cette situation pourrait toutefois changer en 2025, car les clients se détournent du constructeur américain.
Heureusement, cette catégorie offre de nombreuses options intéressantes, dont certaines moins populaires qui mériteraient d’être mieux connues du grand public.
En effet, si le Chevrolet Equinox EV et la Hyundai Ioniq 5 bénéficient d’une forte demande grâce à leur rapport qualité-prix et à leurs technologies modernes, la Ford Mustang Mach-E et surtout la Nissan Ariya sont quelque peu laissées pour compte.
Pour mieux comprendre ces deux multisegments électriques, voici une comparaison entre la Ford Mustang Mach-E Premium ER AWD 2025 et la Nissan Ariya Evolve+ 2025 avec l’ensemble Premiere.
Prix et caractéristiques

Avant de commencer notre comparaison, voici un bref aperçu de nos deux véhicules d’essai :
Ford Mustang Mach-E
La Mustang Mach-E que j’ai pu mettre à l’essai était un modèle Premium Extended Range AWD équipé de quelques options telles que le Blue Cruise et un toit panoramique en verre, pour un prix de 71 385 $. La Mach-E Premium ER AWD est alimentée par une batterie de 91 kWh (88 kWh utilisables) et deux moteurs électriques qui combinés développent 370 chevaux et 500 lb-pi de couple. L’autonomie est estimée à 483 kilomètres par Ressources naturelles Canada (NR Can).
Nissan Ariya

Alors que notre Mach-E était un modèle de milieu de gamme, notre Ariya était un modèle tout-équipé Evolve+ avec l’ensemble Premiere, qui supplémente le groupe Platinum en ajoutant des jantes distinctives de 20 pouces et une couleur bleue unique pour la sellerie en cuir Nappa et suède. Nissan ne propose pas d’options individuelles sur ce niveau de finition de l’Ariya, qui était équipée de plus de fonctionnalités de série que notre Mach-E malgré son prix légèrement inférieur de 69 318 $. La puissance provient également d’une batterie de 91 kWh (87 kWh utilisables), mais ses deux moteurs électriques génèrent 389 chevaux et 442 lb-pi de couple. NR Can estime l’autonomie à 414 kilomètres en raison des roues de 20 pouces de la Premiere. Le même groupe motopropulseur associé à des jantes de 19 pouces donne à l’Ariya Platinum une autonomie de 430 kilomètres.
Deux personnalités distinctes

Deux des aspects clés de la Mustang Mach-E 2025 et de l’Ariya sont leur approche avant-gardiste en matière de style et leurs personnalités fortes mais distinctes.
Pour commencer, l’Ariya affiche d’emblée ses ambitions haut de gamme. En effet, le design extérieur est élégant et moderne sans pour autant recourir à des éléments stylistiques agressifs. À l’intérieur, le groupe Premiere transforme l’habitacle en un espace véritablement luxueux : l’association du cuir Nappa bleu et du suède sur le tableau de bord est très raffinée et sophistiquée. L’applique de style bois au tableau de bord qui abrite les commandes tactiles est une autre décision astucieuse, même si ces commandes peuvent s’avérer frustrantes au quotidien, car elles nécessitent une pression assez forte. La console centrale réglable électriquement permet aux conducteurs de toutes tailles de trouver une position de conduite confortable, mais sa conception laisse à désirer car elle offre très peu d’espace de rangement par rapport à sa taille. En fait, tout le compartiment sous l’accoudoir est occupé par le chargeur de téléphone sans fil, ce qui ne semble pas être la meilleure solution que Nissan aurait pu trouver.
Sinon, l’Ariya ne lésine pas sur l’espace intérieur. Le plancher complètement plat crée une sensation d’espace et d’ouverture à l’avant, tandis que les passagers arrière bénéficient d’un espace généreux pour les jambes. Cependant, le dossier de la banquette arrière est trop incliné pour offrir un confort optimal. Un autre élément qui nuit à l’expérience est la position des appuie-têtes avant, qui font que votre tête les heurte à plusieurs reprises sur les routes accidentées. L’absence de coffre avant limite également la flexibilité du chargement par rapport à d’autres véhicules électriques tels que le Mach-E.
Dans l’ensemble, l’Ariya équipée du groupe Premiere pourrait arborer le logo Infiniti sans trop de problèmes, tant le niveau de finition de son intérieur est élevé.

Ford a adopté une approche différente avec la Mach-E, en transposant l’ADN de la Mustang dans un multisegment électrique. Le résultat est plus dynamique que l’Ariya et reste assez élégant, mais pas tout à fait aussi luxueux. Les matériaux intérieurs sont un peu plus utilitaires, mais ils sont esthétiques et donnent à la Mach-E l’allure d’une alternative plus haut de gamme à Tesla. Les sièges avant sont également très confortables et le cuir est doux, deux aspects typiques de nombreux modèles Ford. Le magnifique toit panoramique en verre inonde l’habitacle de lumière, mais la décision de Ford de ne pas installer de pare-soleil peut poser problème les jours ensoleillés.
L’aménagement intérieur de la Mach-E est un autre de ses points forts, avec un espace généreux pour les bagages et les passagers, y compris un coffre avant de taille respectable. Les espaces de rangement sont plus grands et plus pratiques que dans l’Ariya, mais là encore, il n’y a pas beaucoup d’endroits où cacher des objets de valeur.
Dynamique de conduite

La dynamique de conduite est un autre domaine dans lequel la Mustang Mach-E et l’Ariya diffèrent.
La Nissan délivre sa puissance de façon inattendue pour un véhicule électrique. Plutôt que le couple instantané typique, la puissance semble s’accroitre progressivement à mesure que l’allure augmente, et elle ne s’essouffle pas à vitesse élevée, créant une sensation d’accélération plus naturelle que de nombreux conducteurs apprécieront. Les 389 chevaux et 442 lb-pi de couple semblent vraiment rapides, encore plus que la Mach-E Premium.
La direction est étonnamment rapide et la tenue de route est compétente, sans être ouvertement sportive. Le comportement routier reste stable dans les virages, même si la suspension réagit parfois de manière brutale aux nids-de-poule et aux bosses. C’est là que le poids de la batterie se fait le plus sentir. Le niveau sonore reste faible, même à vitesse élevée, ce qui fait de l’Ariya une excellente voiture pour les longs trajets.
Malheureusement, le système de freinage nuit à l’expérience de conduite, par ailleurs agréable. La pédale n’offre pratiquement aucune sensation ni mordant pendant les trois quarts de sa course, pour ensuite freiner trop agressivement. S’arrêter en douceur requiert donc un certain effort. La fonction de conduite « à une pédale » e-Step est utile dans la circulation, mais ne permet pas d’arrêter complètement la voiture : le conducteur doit appuyer sur les freins pour les derniers 10 km/h environ. Lorsque l’on utilise la fonction e-Step, la pédale de frein bouge toute seule pendant la décélération, ce qui est très étrange au début, mais fait du sens une fois que l’on s’y est habitué.

Sur la route, la Ford Mustang Mach-E adopte un caractère plus enjoué qui justifie ses badges Mustang. Le réglage de la direction et de la suspension est nettement plus dynamique que celui de la Nissan, et bien que la Mach-E Premium ne se conduise pas comme une Mustang à essence, elle reste plus engageante que beaucoup de ses concurrentes. Par exemple, la réduction du contrôle de stabilité permet à la Mach-E de déraper fortement sur la neige et la glace, mais toujours de manière contrôlée.
La livraison de la puissance est différente malgré des chiffres similaires. La Mach-E ne semble pas aussi rapide que l’Ariya, en particulier lors des dépassements à grande vitesse, même si elle offre une accélération plus que suffisante pour tous les scénarios de conduite. Le mode de conduite à une pédale est bien calibré et réactif, permettant réellement de conduire sans toucher les freins dans la plupart des situations. Peut-être pour nous faire oublier que cette Mustang n’a pas de V8 rugissant sous le capot, Ford a inclus quelques « sons de propulsion » parmi lesquels choisir, et l’effet est assez convaincant.
Là encore, le poids devient évident sur les chaussées accidentées, où la suspension heurte les bosses avec suffisamment de dureté pour compromettre le confort. Combinée à un amortissement ferme, la Mach-E semble moins raffinée que l’Ariya en conduite quotidienne.
Technologie et expérience utilisateur

La Ford Mustang Mach-E 2025 et la Nissan Ariya regorgent toutes deux de fonctionnalités technologiques en matière d’aide à la conduite et d’info divertissement.
Chez Ford, la Mustang Mach-E bénéficie d’un grand écran d’info divertissement vertical et d’un écran d’information plus petit derrière le volant. Bien que cela semble très moderne, le fait de placer la plupart des commandes (y compris les modes de conduite, les commandes de climatisation et même le déverrouillage du hayon électrique) sur l’écran central pose certains défis ergonomiques, d’autant plus que le logiciel n’est pas des plus réactifs. Une touche amusante est la sélection de jeux auxquels il est possible de jouer sur l’écran lorsque le véhicule est à l’arrêt, par exemple pendant la recharge.
Un avantage majeur de la Mustang Mach-E pour ceux qui font souvent de longs trajets avec leur véhicule électrique est la disponibilité du système d’aide à la conduite mains libres Blue Cruise de Ford, très avancé et parmi les meilleurs de l’industrie. Mon modèle d’essai était équipé de cette option, qui peut être obtenue sous forme d’abonnement ou d’achat unique au prix de 3 295 $. Si vous roulez souvent sur l’autoroute pendant plus de quelques minutes à la fois, cette option vaut la peine d’être ajoutée à votre Mach-E.

De son côté, l’Ariya utilise deux écrans de 12,3 pouces intégrés dans un seul panneau en haut du tableau de bord, l’un pour le système d’info divertissement et l’autre pour les instruments. Le logiciel de Nissan est plus réactif que celui de Ford, mais la disposition des commandes est plus confuse et certains réglages sont difficiles à trouver. C’est le cas, par exemple, du système de gestion de la température de la batterie, qui est en partie contrôlé via le tableau de bord et en partie via l’écran d’info divertissement. Il ne s’agit pas de réglages que les conducteurs utilisent souvent, mais il aurait été plus logique de regrouper tous les éléments connexes. De plus, Android Auto sans fil n’est pas disponible sur l’Ariya pour le moment, bien que Nissan promette de l’ajouter ultérieurement via des mises à jour par internet. Les utilisateurs d’Apple peuvent déjà connecter leur téléphone sans fil.
En termes d’aide à la conduite, la suite de technologies de Nissan est efficace et fonctionne en douceur, ce qui la rend plus agréable à utiliser pour les longs trajets sur autoroute. Malheureusement, le système plus avancé ProPILOT Assist 2.0 n’est pas disponible au Canada pour le moment.

Les capacités de recharge favorisent légèrement la Mach-E, même si aucun des deux véhicules n’est en tête de son segment. L’Ariya atteint une puissance maximale de 130 kW en recharge rapide de niveau 3, tandis que la Mustang Mach-E accepte jusqu’à 150 kW. Comme il faisait encore assez froid lorsque j’ai conduit les deux modèles, leur performance de charge a été réduite. Pour ce que cela vaut, la Mach-E a atteint 95 kW à environ 0 °C et la courbe de recharge a beaucoup fluctué. De plus, l’interface de recharge du Mach-E fournit moins de données que ce qui serait idéal, avec seulement l’heure à laquelle la batterie devrait atteindre 100 % affichée à l’écran.
En comparaison, l’Ariya a atteint son potentiel de recharge maximal de 130 kW, brièvement, à environ 17 °C, mais une autre session de recharge à 8 °C n’a jamais dépassé 75 kW, ce qui ajoute un temps considérable aux arrêts de recharge sur la route. Nissan fournit toutefois un affichage complet qui indique le taux de recharge actuel ainsi que le temps nécessaire pour atteindre 20, 40, 60, 80 et 100 % de charge.
Conclusion

À près de 70 000 dollars, les deux véhicules sont en concurrence avec des alternatives de luxe bien établies. La Nissan Ariya justifie mieux son prix grâce à des matériaux et une qualité de construction supérieurs, tandis que la Mach-E semble un peu chère pour ce qu’elle offre.
La Nissan Ariya Premiere 2025 convient aux acheteurs qui privilégient le raffinement, l’efficacité et le luxe intérieur. Sa conception sophistiquée et son habitacle véritablement haut de gamme créent une expérience qui semble un peu spéciale. Cependant, des freins désagréables, un système d’infodivertissement complexe et des réactions parfois brutales de la suspension sur des chaussées imparfaites sont des éléments à prendre en compte avant l’achat.
La Ford Mustang Mach-E 2025 séduit les conducteurs qui recherchent une dynamique plus engageante et un design plus affirmé. Son caractère ludique et son style distinctif se démarquent dans les parkings remplis de multisegments anonymes. Cependant, la conduite ferme limite le confort au quotidien et l’absence de commandes physiques crée des frustrations constantes en matière d’ergonomie.
Aucun de ces deux véhicules ne mérite d’être négligé sur le marché des multisegments électriques. Tous deux offrent des alternatives intéressantes aux choix évidents, avec des personnalités distinctes qui devraient attirer différents types d’acheteurs désireux de se démarquer.