La direction canadienne de Toyota était sans doute loin de se douter que le RAV4 allait, un jour, devenir à ce point populaire. Au point de déboulonner la Corolla de son piédestal au chapitre des ventes.
Il est vrai que lors de son apparition en 1994, on salua l’originalité du RAV4, du pied de nez qu’il adressait aux 4 × 4 lourdauds en ville, patauds sur la route et comme dessinés avec une boîte à souliers pour seule matrice.
Mieux qu’un mouvement de mode, le Toyota a su exploiter à défaut de l’avoir inventé (le mérite en revient à Suzuki et son ingénieux Sidekick) un nouveau genre, celui de l’utilitaire cossu qui ne cherche pas à escalader les arbres.
Pourtant impeccable sur les routes enneigées et plutôt efficace dans la gadoue, le RAV4 préfère s’en tenir à l’épreuve du franchissement de trottoir et autres ralentisseurs qui pullulent dans les villes et les stationnements de centres commerciaux.
La réussite du RAV4 (pour Recreational Active Vehicle) a fini par donner des idées à la concurrence. On connaît la suite. Aujourd’hui, le segment des VUS compacts est l’un des plus importants de l’industrie et le RAV4 est l’un des modèles les plus populaires du créneau.
Le RAV4 avait besoin d’une mise à jour pour tenir son rang d’où cette cinquième génération.
Un design plus virile pour le Toyota RAV4 2019
À l’œil, le changement le plus manifeste concerne la ligne, qui s’inspire assez ouvertement du Jeep Cherokee (découpe des puits d’aile et dessin du hayon) … Les volumes sont plus nettement répartis, l’assemblage des éléments de carrosserie est impeccable et l’allure générale se « virilise ».
Il s’agit d’en imposer avec des renflements latéraux, une ceinture de caisse soulignée, des projecteurs effilés remontant le long des ailes et une partie arrière plus expressive.
Alambiqué sur les bords, le style est moins personnel que celui de la première génération, mais il capte bien l’air du temps. Les concepteurs en ont profité pour singulariser davantage les déclinaisons, au nombre de neuf, de ce modèle offert dans une fourchette de prix allant de 27 990 $ à 40 690 $.
Celle-ci ne tient pas compte de la déclinaison hybride dont le prix sera communiqué peu de temps avant sa commercialisation prévue au printemps 2019.
Ses quatre grosses roues de dix-neuf pouces (17 pouces LE et XLE) sont toujours fichées aux extrémités de la carrosserie, mais l’ensemble a pris des millimètres supplémentaires et une surface vitrée accrue pour améliorer la visibilité.
À ce sujet, les rétroviseurs extérieurs ont été repositionnés et un rétroviseur central à affichage numérique, une première pour la marque. Le gain en taille a surtout permis d’étirer l’empattement de 30,4 mm pour agrandir l’espace habitable.
De ce côté, les progrès sont manifestes quoique perfectibles, car, si les places avant sont spacieuses, on est encore un peu serré à l’arrière. Le coffre gagne (un peu) en volume et sa modularité demeure somme toute classique avec la possibilité de rabattre en deux parties les dossiers de la banquette (60/40).
A l’intérieur, la présentation est plus soignée, quoique perfectible. Agréable à regarder, le tableau de bord est mieux structuré et les garnitures ne choquent pas le regard.
La « tablette » tactile de 7 pouces où l’on visualise les informations ne fait aucun effort pour s’intégrer harmonieusement à l’ensemble. En dépit de quelques restrictions imposées par Toyota, le système d’infodivertissement se marie bien aux utilisateurs de Apple Carplay. Les disciples d’Android Auto doivent, quant à eux, ronger leur frein. Celui-ci n’est toujours pas compatible.
Plus de puissance sous le capot
Sous le capot, la cylindrée demeure la même (2,5 litres), mais la puissance passe de 176 à 203 chevaux. Celle-ci transite vers les roues motrices via une boîte automatique à 8 rapports (elle en comptait 6 autrefois). Sans surprise, le RAV4 repose sur l’architecture globale (nom de code TNGA) sur laquelle reposent toutes les dernières créations de la marque.
Sans faire l’objet d’une métamorphose, le RAV4 se révèle plus agréable à conduire, un brin plus dynamique – rien pour inquiéter le CX-5 cependant – et surtout plus silencieux au quotidien. La suspension peut rivaliser avec nombre de berlines et permet de virer correctement à plat, sans tangage, roulis, ni mouvements de caisse intempestifs.
En ville, le RAV4 est agile et suffisamment vif pour que l’on éprouve un peu d’agrément.
Les seules réserves portent sur la sonorité du moteur à plein régime, la présence d’un léger creux en dessous de 2 500 tours/minute. Des reproches qui n’inquiètent aucunement la direction de Toyota Canada qui entend faire de la version hybride du RAV4 son principal fer-de-lance d’une part.
D’autre part, dans sa version essence, le RAV4 pourra tirer profit de sa valeur résiduelle élevée, son catalogue d’accessoires plus riche et sa prise de risque (technique) limitée pour demeurer un choix raisonné.