
Meunier connaît Nissan, connaît l’industrie, et sait ce qu’il faut faire pour relancer la marque
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Christian Meunier veut ramener des icônes comme le Xterra et garder des modèles d’entrée de gamme comme le Kicks Play.
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18 nouveaux modèles verront le jour en 18 mois, incluant des hybrides, VEHR et VÉ.
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Infiniti n’est pas morte, mais son retour prendra du temps et une stratégie de produits plus intelligents.
Il y a quelque chose de franchement rafraîchissant à entendre un dirigeant expérimenté, qui n’a rien à perdre, dire les vraies choses. C’est exactement ce que Christian Meunier a offert en tant que nouveau président de Nissan Amérique. Lors d’une table ronde à laquelle j’ai assisté, Meunier a rapidement démontré qu’il n’était pas là pour gérer la décroissance. Il est là pour secouer l’arbre, quitte à déranger le Japon.

Meunier est revenu chez Nissan en janvier 2025, après un détour de 4 ans chez Jeep. Il avait passé 17 ans chez Nissan auparavant, dans des postes de direction au Canada, au Brésil et chez Infiniti. Il arrive au moment où Nissan traverse une période difficile en Amérique du Nord. Sa part de marché aux États-Unis est passée de 8 % à moins de 4 %. Selon lui, l’entreprise était « coincée en mode COVID ». Sa première décision : ramener tout le monde au bureau. Symboliquement et concrètement. Et déjà, les résultats commencent à se faire sentir.
Derrière le vernis corporatif, Meunier ne mâche pas ses mots : Nissan a perdu le nord. L’entreprise est devenue trop complexe, trop bureaucratique. Des décisions trop prudentes ont mené à l’abandon de modèles emblématiques comme la Maxima et le Xterra. Résultat : une image fade, des produits oubliables. Le plan de match ? Recentrer sur les produits, les clients, et oui, générer des profits.
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À venir chez Nissan :
Meunier croit fermement que le Kicks Play doit rester. Bien que la nouvelle génération de Kicks soit nettement plus avancée, elle coûte aussi beaucoup plus cher. Faire disparaître le modèle le plus accessible (à 22 598 $) pour forcer les acheteurs vers un modèle à 27 199 $, ce serait une erreur.
À l’autre extrémité, Meunier veut voir revenir le Xterra. Nissan a besoin d’icônes, de véhicules qui font rêver. Il veut que la marque redevienne « inspirante ». Les VUS robustes comme le Xterra, les Toyota 4Runner/Land Cruiser et les Honda Passport Trailsport ont la cote, et Nissan manque le bateau.
Pour redresser la barre, 18 nouveaux modèles ou mises à jour majeures seront lancés d’ici 18 mois. Cela inclut une nouvelle Sentra, un Rogue VEHR basé sur la technologie Mitsubishi, et le très attendu groupe motopropulseur hybride ePower. Le premier modèle ePower nord-américain arrivera après le Rogue VEHR en 2026. Objectif : vendre 350 000 modèles électrifiés par année en Amérique du Nord. Actuellement, Nissan n’utilise que la moitié de sa capacité de production américaine (1 million d’unités).
Meunier a aussi souligné que la collaboration avec Mitsubishi pourrait s’intensifier — qu’il s’agisse de plateformes, d’hybridation ou de production commune. Il prône une gamme équilibrée : essence, hybride, VEHR et VÉ. Cette flexibilité est essentielle dans le contexte des programmes iZEV et des incitatifs gouvernementaux qu’il a qualifié de « complexes ».
Sur les tarifs douaniers et la Chine :
Contrairement à la majorité des dirigeants, Meunier voit les tarifs comme une opportunité. Une occasion d’investir dans les installations nord-américaines et de bâtir une plus grande résilience. Et il n’est pas inquiet face à l’arrivée massive des constructeurs chinois — du moins pas pour tout de suite. Plusieurs de leurs technologies sont encore bloquées sur le marché nord-américain.

Et Infiniti ?
Disons que c’est en chantier. Meunier admet que le retour d’Infiniti prendra quelques années. D’ici là, de nouveaux modèles comme le QX65, un QX50 hybride sur plateforme de Rogue, et un VÉ sur mesure sont à venir. Il insiste : Lexus et Audi génèrent beaucoup de profits pour Toyota et Volkswagen. Infiniti pourrait en faire autant — mais il faut d’abord offrir des produits qui ont du fond.
En résumé, Meunier veut redonner à Nissan sa substance. Il ne prétend pas que ce sera facile, mais il ne vend pas de rêve non plus. Avec 20 milliards $ en liquidités, des coupes de 1 milliard $ en frais d’exploitation et de 900 millions $ en coûts de production cette année, et une vague de nouveaux produits à l’horizon, Nissan est loin d’être morte.
En fait, avec Meunier au volant, l’histoire pourrait bien devenir passionnante.
Il a d’ailleurs lancé, à la blague (ou pas), qu’il pourrait écrire un livre sur ses 30 ans de carrière dans l’auto. Honnêtement, il devrait le faire. Son regard lucide sur cette industrie passionnée serait digne de figurer aux côtés de ceux de Bob Lutz ou Lee Iacocca.