Le segment des grandes berlines de luxe hybrides rechargeables est très étroit. Les acheteurs qui s’y tournent recherchent un produit bien précis, qui offre toutes les commodités et le confort d’une grande berline de luxe avec des performances irréprochables, tout en consommant peu de carburant. Cette clientèle est prête à payer très cher pour un produit qui ne fait pas (ou peu) de compromis.
En plus de son étroitesse, ce segment est dominé par les Européennes. On y retrouve notamment la BMW 740e xDrive iPerformance, la Mercedes S550e et la Porsche Panamera 4 E-Hybrid. Comme vous pouvez le constater, ce sont des spécimens rares, dispendieux et distingués à l’européenne.
Le facteur chinois
La Chine fait souvent les manchettes dans les médias automobiles; les ventes y sont en hausse fulgurante, et les constructeurs américains comme General Motors et Ford en profitent. General Motors y a également établi des usines, où elle assemble des véhicules qu’elle importe dans son pays natal, comme le Buick Envision ainsi que l’étoile de cet essai : la Cadillac CT6 hybride rechargeable 2017.
Avec cette CT6 hybride rechargeable, Cadillac se trouve en terrain relativement nouveau. Oui, il y a eu l’ELR, hybride rechargeable également, mais celle-ci avait une vocation totalement différente, et un prix, vous le constaterez plus loin de cet article, complètement différent également.
La CT6 hybride rechargeable est offerte en une seule variante 2.0E, qui est franchement bien équipée, avec le groupe information au conducteur et commodité, le groupe d’aide à la conduite avec le système de vision nocturne Night Vision amélioré, le système d’infodivertissement aux sièges arrière, l’écran de la caméra arrière dans le rétroviseur, l’ensemble confort et le toit ouvrant panoramique, le tout de série.
Motorisation et autonomie
La Cadillac CT6 rechargeable 2017 est propulsée par un duo de moteurs électriques qui fonctionnent en combinaison avec un moteur à essence quatre cylindres 2,0 litres turbocompressé qui développe, à lui seul, 265 chevaux. Le moteur ne joue jamais le rôle de générateur; il travaille en concert avec les moteurs électriques, et l’ordinateur juge la meilleure intervention électrique/essence selon la pression que le conducteur exerce sur l’accélérateur. Lorsque la batterie est vide, le moteur à essence fournit la grande majorité de la puissance.
On dit « grande majorité » de la puissance ici, car le volet électrique demeure toujours omniprésent (à moins qu’on le désactive). Le système conserve 20% de la charge de la batterie en tout temps, dans le but de contribuer aux accélérations. Au bout du compte, la puissance de sortie est mesurée à 335 chevaux avec 432 lb-pi de couple envoyés exclusivement aux roues arrière. Selon Cadillac, que la batterie soit vide ou pas, cette CT6 hybride rechargeable conserve la même accélération 0-96 km/h, avec 5,2 secondes, ainsi que sa vitesse de pointe de 241 km/h.
Il y a trois modes de conduite, Tour, Sport et Hold. Ce dernier mode sert à conserver la charge de la batterie pour que le conducteur l’utilise comme bon lui semble, selon ses besoins.
En mode Tour et en mode Sport, les souhaits en matière d’accélération sont exaucés, instantanément. Une fois l’accélérateur enfoncé, les 432 lb-pi de couple sont livrées illico. Cette livraison n’est pas brutale; elle est franche et linéaire. Par contre, cette linéarité est remise en question quand la voiture passe de 100% électrique à l’intervention du moteur à essence, à environs 50% de pression sur l’accélérateur. Une petite hésitation s’est fait ressentir à quelques reprises durant cette transition, et ce, tout au long de l’essai.
En mode Hold, la puissance est visiblement handicapée donc, les performances sont affectées de manière considérable.
Sur le plan de la tenue de route, la CT6 hybride rechargeable offre un agrément restreint: elle est confortable, mais pas axée sur la sportivité. Contrairement aux autres variantes de la CT6, le système de suspension magnétique et la traction intégrale sont absents sur cette version rechargeable. Par contre, si on active le mode Sport, la direction se raffermit un peu ce qui fournit en soi une impression de dynamisme, l’accélérateur offre une meilleure réponse également.
Sur le plan de la recharge, on parle d’un délai de 4,5 heures pour une charge complète avec un adaptateur de 240 Volts (offert en sus). Si on utilise une prise 110V régulière, on parle de 10 à 12 heures selon l’ampérage.
Après l’essai, nous avons constaté que la CT6 hybride rechargeable donne bel et bien une autonomie de 48 kilomètres en mode 100% électrique. En exploitant le véhicule sur plusieurs types de routes avec de bonnes accélérations et en utilisant la climatisation en continu – donc sans compromis – nous avons pu conserver une moyenne de 5,08 litres aux 100 kilomètres sur une distance de 104 kilomètres. L’autonomie totale est de 643 kilomètres.
Habitacle chargé
S’il est extrêmement confortable, l’habitacle de la CT6 hybride rechargeable manque de style. On peut reprocher la même chose aux autres modèles de la famille CT6 et à ceux des autres marques américaines, mais dans ce segment précis où le produit rivalise exclusivement avec des Européennes – Porsche, Mercedes, BMW – cette lacune est d’autant plus importante. Ce qui cloche, c’est le mélange des styles et des matériaux qui martèle les yeux. Peut-être un style plus épuré permettrait à cette hybride rechargeable de mieux s’imposer sur ce plan.
Conclusion
Avec de maigres prévisions de ventes de 600 véhicules annuellement en Amérique du Nord, et de 2000 unités annuellement en Chine, la CT6 hybride rechargeable n’est évidemment pas une machine à profits; elle est une affirmation que la marque New Yorkaise peut offrir plus d’équipement à moindre coût dans ce segment. Avec un prix de départ de 85,995 $ avant les incitatifs provinciaux, son prix est largement en deçà de ses rivales qui offrent plus de style et de prestige. Mais la valeur d’une voiture de ce calibre est-elle calculée selon la somme de ses équipements?
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