
Nissan retarde les paiements aux fournisseurs, met sur pause la refonte du Murano et lance une nouvelle LEAF pendant que sa dette pèse lourd.
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Renault inscrit une perte non monétaire de 11,2 G$ en réévaluant sa participation dans Nissan selon la chute du cours de l’action.
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Nissan cherche à repousser les paiements aux fournisseurs pour améliorer sa liquidité, alors que sa dette est classée dans la catégorie spéculative.
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Nouvelle LEAF, hybrides à venir et espoirs de retour du Xterra pour redynamiser la gamme Nissan.
Renault a annoncé lundi qu’elle comptabilisera une perte non monétaire estimée à 9,5 milliards d’euros (11,2 G$) après avoir modifié la méthode comptable pour évaluer sa participation dans Nissan, la liant désormais directement au cours boursier affaibli du constructeur japonais. Cette décision reflète la baisse de 38 % de l’action de Nissan au cours de la dernière année.
Cette évolution souligne la situation financière qui se détériore chez Nissan, malgré les assurances de Christian Meunier, président de Nissan Amériques. La société a enregistré une perte nette d’environ 4,5 G$ pour l’exercice clos en mars, son pire résultat en près de 25 ans. Sa dette a été reléguée au rang spéculatif par les trois principales agences de notation, et quelque 5,1 G$ viennent à échéance en 2026. Nissan prévoit également un flux de trésorerie disponible négatif d’environ 3,8 G$ pour le trimestre d’avril à juin, une détérioration par rapport à la même période l’an dernier.
Pour gérer ses pressions immédiates sur la liquidité, des courriels internes montrent que Nissan a demandé à certains fournisseurs en Grande-Bretagne et dans l’Union européenne d’accepter des paiements différés. Cette stratégie, qui vise à préserver la trésorerie à court terme, comprend des offres de paiements majorés en échange d’un délai, ou encore des partenariats avec des banques comme HSBC pour combler l’écart. Des correspondances obtenues par Reuters indiquent un objectif de préservation de 150 M€ en liquidités, les paiements reportés aux fournisseurs pouvant libérer jusqu’à 59 M€.
Le nouveau PDG Ivan Espinosa, nommé en avril, supervise un plan visant à réduire d’environ 3,4 G$ les coûts sur deux ans, incluant la fermeture de sept usines et un possible impact sur 20 000 emplois. Lors d’une assemblée d’actionnaires le mois dernier, Espinosa a expliqué que ces mesures étaient nécessaires malgré leur dureté, devant plus de 1 000 participants qui questionnaient la stratégie de redressement de Nissan.
En Amérique du Nord, Christian Meunier pilote les efforts pour revigorer la gamme Nissan avec des modèles à volume et d’autres plus porteurs d’images. Il a exprimé son intérêt pour ramener le Xterra afin de répondre à la demande pour les VUS robustes et a souligné l’importance de maintenir des modèles d’entrée de gamme abordables comme le Kicks. Il a aussi laissé entendre qu’une collaboration accrue avec Mitsubishi pour les plateformes et technologies hybrides est à prévoir.
Entre-temps, Nissan a décidé d’interrompre les travaux sur une refonte prévue du Murano pour 2028. Des documents internes montrent que l’entreprise a réduit ses objectifs de production du Murano de 21 % pour l’exercice 2025 après avoir accumulé plus de cinq mois d’inventaire. Bien que le lancement de la quatrième génération ait fait bondir les ventes de 84 % aux États-Unis au premier trimestre, le Murano peine dans un segment dominé par les multisegments à trois rangées ou axés hors route, comme le Pathfinder. On présume que les discussions sur le retour du Xterra et la pause du futur Murano ne sont pas étrangères l’une à l’autre. Le Murano a perdu de son éclat après une décennie pour la génération précédente, alors que le Xterra pourrait bien raviver la passion pour la marque — ce que le Murano n’a jamais pu faire malgré ses débuts prometteurs.
Nissan s’emploie aussi à relancer son élan en électrification. Elle a dévoilé une troisième génération de la LEAF, offrant jusqu’à 488 kilomètres d’autonomie, une recharge plus rapide, des écrans numériques modernisés et la capacité bidirectionnelle pour alimenter la maison ou renvoyer l’énergie au réseau. La LEAF sera lancée en Amérique du Nord cet automne, avec les prix à venir. D’ici 18 mois, Nissan prévoit introduire 18 nouveaux modèles ou refontes majeures dans le monde, couvrant les motorisations essence, hybrides, hybrides rechargeables et 100 % électriques.