
Cela devrait entraîner une augmentation du prix des véhicules d’occasion.
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J.D. Power prévoit une hausse de 6 000 $ du prix des véhicules neufs en raison des tarifs douaniers proposés entre les États-Unis et le Canada.
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Des sondages montrent que près de la moitié des acheteurs canadiens reconsidéreraient leurs achats si les droits de douane étaient appliqués.
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Le marché des véhicules d’occasion connaît déjà une hausse de la demande et des prix, car les droits de douane détournent les consommateurs du marché des véhicules neufs.
Les droits de douane proposés par les États-Unis devraient entraîner une hausse des prix des véhicules neufs au Canada pouvant aller jusqu’à 6 000 $ (voire 12 000 $ selon certains). Cela pourrait entraîner un changement de comportement des consommateurs à l’égard du marché des véhicules d’occasion.
Robert Karwel, directeur de la réussite des clients chez J.D. Power Canada, a déclaré que l’effet combiné d’un droit de douane américain de 25 % sur les véhicules canadiens et de mesures canadiennes réciproques pourrait faire passer le prix moyen des transactions de véhicules neufs de 49 000 à 55 000 $ en 2025. Karwel estime que les consommateurs absorberont environ la moitié du coût supplémentaire, les constructeurs automobiles et les acteurs de la chaîne d’approvisionnement se chargeant du reste.
Les véhicules assemblés en Amérique du Nord, en particulier ceux construits au Canada avec des pièces provenant des États-Unis, devraient être plus fortement touchés par les augmentations de coûts liées aux droits de douane que les modèles importés d’outre-mer. M. Karwel a déclaré que les constructeurs automobiles devraient maintenir la hiérarchie des prix des modèles malgré l’impact variable sur la fabrication, ce qui se traduira probablement par des augmentations de prix généralisées pour l’ensemble des gammes de véhicules.
Karwel a ajouté que les constructeurs automobiles devraient réduire les incitations à l’achat plutôt que d’augmenter directement les prix de vente, ce qui constitue une méthode moins visible de recouvrement des coûts.
Les données relatives aux consommateurs indiquent un ralentissement potentiel des livraisons de véhicules neufs, dû au fait que les consommateurs modifient leur panier de voitures neuves. Une enquête réalisée en février 2025 par AutoTrader a révélé que 47 % des Canadiens prévoyant d’acheter un véhicule modifieraient leur décision en réaction aux droits de douane. Parmi eux, 30 % ont déclaré qu’ils opteraient pour un véhicule d’occasion au lieu d’un véhicule neuf, tandis que 36 % ont indiqué qu’ils réduiraient leur budget global.
Les inventaires et le marché des véhicules d’occasion commencent à s’ajuster
Les concessionnaires et les constructeurs automobiles canadiens prennent des mesures pour atténuer les effets potentiels. Certains concessionnaires franchisés ont constitué des inventaires de véhicules neufs, tandis que les constructeurs ont stocké des unités près de la frontière canado-américaine. Daniel Ross, du Canadian Black Book, a déclaré que les constructeurs automobiles ont même acquis des installations près de la frontière afin d’accélérer la logistique en cas de perturbations commerciales.
Malgré ces efforts, les experts de l’industrie s’attendent à un resserrement retardé, mais définitif des stocks de véhicules neufs si les droits de douane restent en vigueur. Baris Akyurek, vice-président d’AutoTrader, a déclaré que les ajustements de la planification de la production ne se produiront que si les droits de douane persistent au-delà de trois mois. Dans l’intervalle, les prix des voitures neuves devraient augmenter, quel que soit le niveau de l’offre.
Le marché des véhicules d’occasion connaît déjà une forte augmentation de la demande. Les prix augmentent en prévision de la hausse des coûts des véhicules neufs, et certains consommateurs accélèrent leurs achats pour éviter les futurs droits de douane. M. Akyurek compare cette tendance à la période qui a suivi la pandémie, lorsque les pénuries de puces électroniques ont fait grimper en flèche la valeur des véhicules d’occasion.
Les exportations de véhicules d’occasion canadiens devraient également diminuer. Les acheteurs américains représentent environ 15 % des exportations de véhicules d’occasion en provenance du Canada, contre 20 % au plus fort de la pandémie. Selon M. Ross, les droits de douane freineront la demande transfrontalière, mais ne l’élimineront pas complètement en raison de la faiblesse relative du $ canadien.
Les tarifs douaniers prennent les acheteurs individuels au dépourvu
Au-delà des répercussions sur le marché en général, les consommateurs individuels sont également touchés. Pat Fletcher, un amateur de voitures de 77 ans de Winnipeg, a dû s’acquitter d’une facture de 46 636 $ après avoir tenté d’importer une Dodge Charger RT de 1968 qu’il avait achetée au Texas pour 98 000 $. Les autorités frontalières ont indiqué à M. Fletcher que le véhicule était soumis à une surtaxe de 25 % en vertu des règles tarifaires du Canada.
Fletcher a déclaré qu’il s’était renseigné sur les tarifs applicables avant d’acheter le véhicule, mais qu’il n’avait trouvé aucune mention des véhicules de collection. L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a confirmé par la suite qu’en vertu de la loi sur le tarif douanier, les véhicules plus anciens, tels que le modèle de 1968, sont couverts par un avis de douane qui inclut les articles fabriqués il y a plus de 25 ans.
Fletcher n’étant pas en mesure de payer les frais, il a reçu un avis de refus de marchandises et a été contraint de laisser la voiture dans le Dakota du Nord. Le véhicule est toujours entreposé dans l’attente d’une éventuelle modification de la réglementation tarifaire. Nous aurions du mal à dormir la nuit en sachant que la voiture de nos rêves a dû être abandonnée, sans savoir si nous la reverrons un jour…