Les États-Unis mettent fin à l’application des normes d’économie de carburant, ce qui suscite un débat au Canada sur les importations de VÉ et les politiques d’émissions.
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Les États-Unis n’appliquent plus les normes d’efficacité énergétique des véhicules et annulent rétroactivement les amendes à partir de 2022.
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Les constructeurs pourraient revenir aux moteurs plus gros, menaçant les progrès canadiens en matière d’émissions.
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Des voix canadiennes réclament l’importation de VÉ européens pour préserver l’offre de véhicules propres.
Une nouvelle loi américaine met un terme effectif à l’application des normes fédérales d’économie de carburant, supprimant les pénalités pour les constructeurs qui ne respectent pas les cibles d’efficacité énergétique. Bien que les règlements CAFE (Corporate Average Fuel Economy) restent en vigueur, l’absence d’application signifie que les constructeurs ne font plus face à des conséquences s’ils vendent des véhicules moins économes.
La National Highway Traffic Safety Administration a confirmé qu’aucune amende ne sera imposée pour les non-conformités remontant jusqu’à l’année-modèle 2022. Ce changement renverse des décennies de politiques américaines visant à réduire la consommation de carburant et à limiter les émissions.
Sans contraintes réglementaires, certains constructeurs pourraient relancer des moteurs plus gros dans leurs gammes. Stellantis, propriétaire de Dodge, Jeep et Ram, a récemment relancé la production de ses moteurs Hemi V8, accueillis avec enthousiasme et une forte demande. La division haute performance SRT a également été ramenée à la vie.
SRT renaît : Stellantis relance la division de performance sous la direction élargie de Kuniskis
Les normes précédentes avaient poussé l’industrie vers des moteurs turbocompressés de plus petite cylindrée, notamment dans les VUS intermédiaires, les camions et les voitures sportives. Ce recul réglementaire pourrait renverser cette tendance, surtout que les prix de l’essence aux États-Unis restent bas.
Malgré ces changements, les constructeurs qui vendent à l’échelle mondiale doivent continuer à respecter les normes plus strictes en Europe et en Asie. Plusieurs modèles restent homologués mondialement, ce qui limite le recul en efficacité. Toutefois, les modèles principalement destinés au marché nord-américain, notamment les camionnettes et les VUS, pourraient voir leur efficacité énergétique diminuer.
Le Canada, qui partage de nombreuses réglementations avec les États-Unis, se retrouve maintenant dans une zone d’incertitude. Certains analystes craignent que les constructeurs ne donnent plus la priorité aux cibles canadiennes si elles ne sont pas soutenues par des mesures contraignantes aux États-Unis. Ils pourraient aussi simplement retirer certains modèles du marché canadien.
En réaction, certains concessionnaires canadiens et partisans des véhicules électriques militent pour autoriser l’importation directe de véhicules européens — hybrides, hybrides rechargeables et VÉ — qui ne sont pas encore homologués au Canada.
Mobilité Électrique Canada et d’autres groupes soutiennent qu’une telle initiative élargirait le choix des consommateurs tout en aidant à maintenir les objectifs d’émissions. « Si une voiture est assez bonne pour circuler sur les routes européennes, où l’on peut rouler bien plus vite qu’ici, ne venez pas me dire qu’elle n’est pas assez sécuritaire pour rouler au Canada », affirme Daniel Breton, président de MEC.
Transport Canada demeure prudent, invoquant des différences en matière d’essais de collision et d’environnement routier. « Certaines exigences européennes en matière de collisions ne sont pas aussi rigoureuses que celles du Canada en raison des différences dans l’environnement de conduite », a déclaré le porte-parole Hicham Ayoun.
Néanmoins, l’appui du public à l’importation des VÉ européens croît. Un sondage récent indique que 70 % des Canadiens soutiennent une modification des règlements pour en permettre l’entrée au pays.
Les défenseurs de cette cause estiment qu’il s’agit d’un moyen pour le Canada de conserver l’accès à des véhicules à haute efficacité, même si les États-Unis changent de cap sur le plan des carburants et des émissions.


