
Le VUS électrique intermédiaire de VinFast est meilleur qu’on pourrait le croire, mais il est déjà en train de prendre du retard face aux leaders du segment.
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Un prix alléchant et un bon niveau d’équipement permettent au VF 8 de se défendre, mais l’autonomie reste inférieure à celle des principaux rivaux.
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La puissance et les accélérations impressionnent, mais la suspension et la tenue de route sont inégales.
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La qualité intérieure est globalement solide, même si certains détails bon marché brisent l’illusion.
Dans mon éternelle quête de découvertes automobiles, j’ai récemment eu la chance d’essayer quelque chose de totalement nouveau pour moi : un VinFast. Plus précisément, le VinFast VF 8 Plus 2025. Comme j’essaie toujours de ne pas juger un livre à sa couverture, mes attentes étaient donc plutôt modérées.

Même s’il a été difficile d’obtenir un véhicule de presse, le concessionnaire VinFast local a accepté ma demande pour un VF 8 en quelques minutes. J’ai pu mettre la main sur un modèle Plus bien équipé, habillé d’un audacieux Sunset Orange, avec des roues de 20 pouces, des sièges ventilés, un hayon électrique, du cuir végane haut de gamme et un immense écran tactile de 15,6 pouces. Pour environ 63 500 $ tel que testé, ça paraît bien sur papier, surtout avec la transmission intégrale offerte de série grâce aux deux moteurs.
Mais prenons du recul. L’aventure nord-américaine de VinFast n’est pas un long fleuve tranquille. En milieu d’année 2025, on apprenait déjà que le constructeur vietnamien avait fermé la moitié de ses succursales au Canada. Est-ce une saine correction de cap ou un signal d’alarme ? C’est à l’acheteur de juger. Moi, je voulais surtout savoir si le produit lui-même pouvait rivaliser avec les vraies références, pas seulement les ambitions de la marque.

Un design qui tient encore, mais mieux sur les nouveaux modèles
Côté look, le VF 8 n’est pas désagréable, même si comparé à ses frères plus récents comme le VF 9, il paraît déjà vieillot. L’intérieur est plutôt soigné. Certes, certains plastiques ne passent pas le test du pincement et les poignées de porte semblent venir d’un bac à jouets, mais les sièges sont confortables, l’ergonomie est intuitive et l’écran central, bien qu’indispensable à tout, s’utilise sans trop de frustration.
L’espace à l’arrière est impressionnant grâce à l’empattement de presque trois mètres. Le coffre offre 376 litres, pas la référence du segment, mais suffisant. L’intérieur beige clair de mon exemplaire était… courageux. Trop courageux, surtout si vous avez des enfants, des chiens ou vivez près de la boue ou de la poussière.

Des hauts et des bas
C’est un peu inégal. Avec le groupe puissance en option, le modèle Plus développe 402 chevaux et 457 lb-pi de couple. Les accélérations sont franches, parfaites pour dépasser sur l’autoroute. En mode Sport, l’accélérateur est même trop réactif. La direction est lourde et artificielle, comme si elle voulait absolument se donner des airs sportifs, pour peut-être masquer d’autres défauts.
Là où le VF8 trébuche, c’est dans la qualité de roulement. Sur un bel asphalte, c’est d’abord ferme et rassurant. Mais sur les routes craquées de Montréal, la suspension ne sait plus où donner de la tête. Parfois trop raide, parfois elle flotte, sans jamais être vraiment douce, juste… perdue. On dirait que les amortisseurs sont réglés pour « ignorer » ou « abandonner », sans juste milieu. Résultat : une conduite qui n’inspire pas confiance. À mon avis, la suspension est calibrée pour la Californie et non pour nos routes bosselées. Sur l’autoroute, pas de souci, mais en ville, c’est décevant.

L’autonomie est aussi un problème. La version Éco promet jusqu’à 412 km, mais la Plus chute à environ 385 km dans des conditions idéales. Pour un VUS à plus de 60 000 $ en 2025, ce n’est pas suffisant, surtout quand Hyundai, Ford et même GM dépassent régulièrement les 475 km avec des performances similaires. La recharge rapide annonce un passage de 10 à 70 % en 31 minutes. Pas 10-80, ni 20-80, juste 10-70. Bref, rien d’extraordinaire.
Cela dit, il y a de beaux côtés : le freinage régénératif a quatre niveaux, dont un mode « creep » qui permet presque de conduire avec une seule pédale. La visibilité est bonne, et l’interface multimédia devient intuitive après un temps. J’adore les couleurs, et ici, on est gâté avec des teintes comme orange sunset, vert ocean, rouge crimson ou bleu VinFast. Petit bémol : vous ne pouvez acheter un VinFast qu’au Québec, en Ontario ou en Colombie-Britannique… si les magasins restent ouverts.

Si proche du but
Au final, le VF 8 est meilleur que je ne l’aurais cru. Bien positionné côté prix, il a du potentiel. Mais le potentiel, ce n’est pas assez face aux Hyundai Ioniq 5, Ford Mustang Mach-E ou Nissan Ariya. Le VF 8 est prêt pour la scène, mais il doit encore se libérer de son anonymat et corriger certains points. J’espère sincèrement que VinFast aura la patience de continuer, car les VF 6 et VF 7 s’annoncent prometteurs.