Je dois vous avouer que je n’ai jamais été une grande référence en protection de l’environnement. Je suis du genre à ne pas toujours recycler mes contenants de plastique et de verre. Mon voisin Christian s’arrête souvent devant mon bac pour déplacer des trucs mal triés. Je suis aussi du genre à faire réchauffer ma voiture à l’avance (hé oui, souvent trop, même)! Alors à quoi bon faire l’essai d’un véhicule électrique? Quel changement ça pourrait apporter à ma vie?
Premièrement, revenons au contexte! J’habite à Saint-Jérôme et je travaille à Montréal. Mon boulot implique également de fréquentes visites chez des clients, à des distances qui peuvent varier entre quelques dizaines de kilomètres et parfois des centaines. Il n’est pas rare que je doive me déplacer dans certaines régions éloignées de Montréal, telles que le Saguenay, le Bas Saint-Laurent ou l’Outaouais. Déjà là, ça représente beaucoup de “millage”, comme disait mon père, mais ce n’est pas terminé! Mes enfants actifs, qui font de la gymnastique (à Laval), du théâtre et même des cours de jeune actrice, nous font jouer au taxi à un rythme de 6 fois par semaine!
Alors pourquoi l’idée d’une voiture électrique ne m’est pas venue plus tôt? C’est une question d’autonomie, me répondait-on: “Oublie ça mon gars, tu ne pourras jamais te rendre à destination!”, ou bien “Le marché n’est pas encore prêt, attends encore quelques années!”.
Après quelques discussions avec Jonathan Mignacco chez Belvédère Nissan Saint-Jérôme, j’ai compris que le marché était beaucoup plus évolué (et en effervescence) que je l’avais imaginé. Non seulement ce concessionnaire a vendu plus de 45 Nissan Leaf depuis le début de l’année, mais la totalité des propriétaires sont satisfaits et ne songeraient pas un retour en arrière. Au cours de notre discussion, il a suffi de deux arguments pour me convaincre: le coût de l’essence, et le plaisir de conduite! “Tu vas voir, tu vas l’adorer”!
C’est là que Jonathan m’a recommandé d’essayer la Nissan Leaf 2016 durant quelques jours (afin de voir si ce type de véhicule était approprié pour mes besoins). Je me suis donc commandé une carte sur le site de Circuit Électrique, ce qui permet d’utiliser les bornes de recharge à travers le Québec, et je me suis lancé dans l’aventure!
Jour 1: Je reçois une petite formation par le concessionnaire: Une affaire de 5-10 minutes, et on est prêt à partir! En route vers la maison pour aller installer le siège de bébé et vérifier la capacité de la banquette arrière (trois enfants, c’est pas toujours évident)! À voir leur sourire, on admet que trois enfants, c’est possible! Avec un siège de bébé, ça complique un peu les choses, mais rien qui empêche les déplacements du quotidien! Aujourd’hui, ce sera une petite virée à Blainville pour un événement bénéfice de la Fondation Florès. On est agréablement surpris de la rapidité du véhicule (quand la lumière passe au vert et qu’on appuie sur l’accélérateur, ça décolle comme une bombe)!
Jour 2: Une journée de travail comme les autres, qui commence par une rencontre-client à Laval, suivie d’un meeting d’équipe à notre bureau situé dans le quartier Griffintown à Montréal. C’est là que je procède à ma première recharge (devant l’ÉTS, à une borne publique que j’ai trouvé facilement grâce à l’application ChargeHub (merci Jonathan!). Par contre, ma visite de 2 heures au bureau ne suffit pas à recharger complètement le véhicule (il m’aurait fallu une borne rapide pour me permettre de recharger davantage). Peu importe, je dois repartir vers Saint-Jérôme (c’est vendredi, et si je ne veux pas m’éterniser dans le trafic, il faut partir tôt). J’ai suffisamment de charge pour le trajet du retour (et je peux profiter de la voie réservée, hourra)! Une fois arrivé à Saint-Jérôme, je me dirige vers la borne rapide située au Restaurant St-Hubert. Il ne faudra qu’une trentaine de minutes pour faire le plein (d’électricité). C’est vraiment génial cette borne rapide (dommage qu’elles soient si peu nombreuses au Québec). Pour terminer la journée, ma blonde et moi partons vers Val-Morin pour aller voir le spectacle d’Ariane Moffatt au petit-mais-tellement-charmant Théâtre du Marais. Toujours en Nissan Leaf! On l’a adoptée! Seul hic, comme nous n’avons pas de borne d’installée à la maison, je dois retourner chercher mon “fix” d’électricité au retour de la soirée (borne rapide: un autre 30 minutes)!
Jour 3: C’est samedi! Comme j’ai promis à mon ami d’aller l’aider à faire le recouvrement extérieur de son chalet, je pars vers 7h en direction de Rawdon. De Saint-Jérôme, ça représente une distance d’environ 55 kilomètres. Ce matin-là, il neige légèrement et je dois utiliser le chauffage ainsi que le dégivreur. Comme tout ceci m’est inconnu, ce n’est qu’au retour que j’apprendrai à quel point j’ai mal évalué mon parcours (trajet d’environ 110 km à travers les montagnes + chauffage + dégivreur + aucune borne à destination = je m’arrange pour tomber en panne) Mais j’éviterai la panne… car lors de mon retour par le chemin de Saint-Hippolyte, j’ai descendu une incroyable pente sur une très longue distance, ce qui m’a fait gagner une dizaine de kilomètres (récupération d’énergie durant la descente). Ouf. Je l’aurai échappé belle. Quel apprentissage. J’ai compris à ce moment-là que l’auto électrique avait ses limites dans notre réalité d’aujourd’hui (réseau de bornes encore en développement). Devinez à quel endroit j’ai terminé ma course? Vous l’aurez deviné: à la borne rapide du Restaurant St-Hubert. (non, mais quelle bonne publicité pour eux)!
Jour 4: C’est dimanche, et il me faut aller reconduire mon fils (et ses deux amis) à leur cours de gymnastique à Laval. C’est reparti pour une randonnée sur l’autoroute 15, avec trois gars excités qui ont l’impression de s’envoler à chaque démarrage (au risque de me répéter, j’adore le couple instantané de ce véhicule – c’est direct et ça réagit sans délai)! Puisque leur cours de gymnastique dure 4 heures le dimanche, je fais toujours le trajet en 2 parties (aller-retour, suivi d’un autre aller-retour). Mais devinez encore où j’ai dû aller me brancher entre les deux séances de taxi? Hé oui, à la même borne rapide! Mon trajet de 90 km aurait peut-être pu être effectué à deux reprises (le constructeur indique une autonomie de 172 km, et certains disent qu’ils se rendent à 180 km), mais je n’avais pas envie de prendre ce risque avec les enfants à bord.
Jour 5: C’est lundi et je dois me déplacer à l’Île Perrot pour une rencontre-client. Quel magnifique trajet lorsque c’est silencieux dans la voiture. On se sent isolé du reste du monde. C’est ma dernière journée au volant de la Leaf, et je sens que je vais m’ennuyer. Je n’ai pas envie de retourner dans ma voiture à essence. Malgré tous ces petits arrêts fréquents réalisés dans les derniers jours, je réalise à quel point j’ai économisé. Oui, il faut réapprendre à conduire, car même si la voiture permet de bonnes accélérations, on veut toujours essayer de faire un maximum de distance avec une charge. Mais il faut aussi apprendre à planifier son trajet (et croyez-moi, c’est de plus en plus facile: les bornes sont de plus en plus présentes, et les applications disponibles permettent de trouver une charge plus facilement qu’une station-service).
Donc au final, on fait quoi? On l’achète? On attend? Je vais assurément passer à l’électrique dans les prochaines années, et la Nissan Leaf sera une voiture que je vais considérer. Les nouveaux modèles promettent toujours plus d’autonomie, mais il faut finir par se décider et prendre le virage. Pour certains, ce sera un virage écologique, alors que pour moi (en toute honnêteté) ce sera un virage pour l’économie de carburant et le plaisir de conduite. Car, oui, à ma grande surprise, j’ai réellement aimé ma semaine avec la Leaf.