Si vous suivez moindrement l’actualité internationale, vous savez que la Russie a envahi l’Ukraine et que ce conflit armé a des répercussions aux quatre coins du globe. Parmi les secteurs les plus touchés, celui du pétrole a de quoi inquiéter les automobilistes du monde entier… et même ceux de la belle province. Avec un prix qui oscille aux alentours de deux dollars le litre d’essence (après presque deux semaines de conflit en Ukraine), il n’est plus rare de voir le coût d’un plein surpasser le cap des 100 $.
Et comble de malheur, cette situation de plus en plus coûteuse pour les utilisateurs de la route ne tient même pas compte de cette pénurie de semi-conducteurs ou de cette pandémie qui, rappelons-le, n’est pas encore terminée.
Bref, acheter un véhicule en 2022 n’est pas une mince affaire. Mais, si vous ne savez pas vers quel nouveau modèle vous tourner et que vous songez de plus en plus à passer du côté électrique, voici trois multisegments compacts qui méritent certainement votre attention. En vérité, ce test réunissant les trois modèles les plus récents (sur le marché) aurait très bien pu inclure le Ford Mustang Mach-E ou le Tesla Model Y, et le Nissan Ariya est un autre modèle qui vise la même clientèle prête à faire le saut, quoique ce dernier brille toujours par son absence.
Mais bon, le sort a voulu que nous testions le seul modèle électrique de la gamme Volkswagen, l’utilitaire ID.4, et les deux autres véhicules coréens exclusivement électriques sur le marché en ce moment : le Hyundai Ioniq 5 et le fraîchement débarqué Kia EV6.
Mentionnons tout de même que ces trois VUS électriques sont des modèles 2022, que leur niveau d’équipement est le plus élevé (au sein de leurs gammes respectives) et qu’ils bénéficient tous d’un rouage intégral, d’une bonne autonomie en plus d’être tous éligibles aux incitatifs financiers d’Ottawa (5 000 $) et de Québec (8 000 $), ce qui n’est pas le cas du Ford ou du Model Y.
Autonomie et Recharge
Parlons tout d’abord de l’autonomie de ces trois protagonistes. Le représentant de Wolfsburg est bon dernier avec une distance possible de 386 km, tandis que le Hyundai peut rouler sur une seule charge pendant 414 km. Finalement, le Kia EV6 offre la plus grande autonomie avec 441 km. Bien entendu, durant cette journée d’essai hivernale, ces distances ont fondu comme neige au soleil, mais ce palmarès donne une bonne idée du potentiel de chaque modèle.
Mais, l’autonomie ne fait pas foi de tout, comme on a pu le découvrir lors de la recharge des trois véhicules. En effet, l’ID.4, dont la capacité de recharge peut atteindre 135 kW, a eu de la misère à recharger plus que 30 kW à la fois. Mon collègue m’a même indiqué que dans une borne de niveau 3, le Volkswagen n’a pu faire mieux que 47 kW, alors que la borne de 350 kW aurait certainement pu en donner plus au véhicule. Est-ce la température glaciale de cette semaine du mois de mars? C’est possible.
Du côté coréen, l’IONIQ 5 a su faire un meilleur usage de sa capacité de recharge, alors qu’une borne de niveau 3 (50 kW) a permis au véhicule de se charger jusqu’à concurrence de 44 kW. D’ailleurs, du trio, c’est le Hyundai qui enregistre le meilleur temps de recharge de 5 à 80 % de la capacité de la batterie avec une borne de niveau 3, en 17 min 16 s. Curieusement, le Kia réussit le même exploit en 18 minutes! Encore une fois, le Volks s’avoue vaincu à ce petit jeu avec 38 minutes pour replacer la batterie à 80 % de sa charge.
À la maison, les trois utilitaires font presque match nul avec des temps d’environ sept heures pour remplir la batterie.
Performances
Bien que ce ne soit pas l’argument principal qui motive l’achat d’un multisegment purement électrique, il est tout de même intéressant de noter que le modèle allemand livre une puissance de 295 chevaux avec ses deux moteurs électriques, tandis que les deux coréens viennent plutôt avec 320 chevaux. Le couple, quant à lui, atteint 339 lb-pi dans le cas de l’ID.4 et 446 lb-pi (!) pour les deux multisegments du groupe Hyundai.
Résultat : le Volkswagen enregistre un 0-100 km/h en 6,2 secondes seulement, contre 5,1 s pour le Hyundai et 5,2 s pour le Kia. Dans ce cas-ci, il s’agit des chiffres officiels, puisque les conditions glissantes de notre journée n’étaient vraiment pas favorables pour des tests d’accélération. Ceci devra attendre au retour du beau temps.
Prix
Malgré leur appartenance à une marque populaire, les trois véhicules essayés étaient tous fortement équipés, ce qui explique leur prix qui, il n’y a pas si longtemps, était synonyme de véhicule de luxe.
À 58 490 $, le Volkswagen ID.4 Pro AWD doté de l’ensemble « Statement » est le moins cher des trois. Ce groupe optionnel ajoute beaucoup de contenu au multisegment comme en fait foi cette liste : poignées éclairées, logo éclairé, garnitures de toit argent, rétroviseurs électriques chauffants et autorabattables, toit panoramique fixe, toit noir, sièges rabattables 60/40 et espace pour les objets longs, phares à projection à DEL, plancher de chargement variable, éclairage ambiant, massage et soutien lombaire aux places avant, jantes de 20 pouces, système de navigation, hayon électrique, sièges en similicuir, etc.
Au deuxième rang, on retrouve le Hyundai Ioniq 5 à un prix de 60 999 $, le multisegment qui est également équipé d’un groupe optionnel bien garni. L’ensemble Ultimate ajoute en effet des jantes de 20 pouces, des rétroviseurs rabattables électriquement, des phares à DEL, un toit ouvrant, l’assistance de stationnement intelligent à distance, une caméra 360 degrés, un hayon intelligent à ouverture automatique, un chargeur embarqué bidirectionnel, la recharge sans fil pour appareil intelligent, une chaîne audio haut de gamme Bose, le fameux siège de relaxation pour le conducteur, une sellerie en similicuir, les sièges chauffants aux deux rangées et ventilés à l’avant, l’éclairage d’ambiance, des pare-soleils dans les vitres latérales arrière et cette ingénieuse console centrale coulissante, notamment.
Le Kia EV6 était donc le plus dispendieux avec un prix de 62 245 $, l’ensemble GT-Line Groupe 2 qui débute à 61 995 $, tandis que la couleur Bleu yacht ajoute 250 $ à l’équation. Au même titre que les deux autres, l’EV6 arborait des jantes de 20 pouces et des poignées encastrées. Le toit ouvrant, la sellerie en cuir et suède, les sièges arrière chauffants et ventilés/chauffants à l’avant font aussi partie de la liste des équipements, tout comme le système V2L, la chaîne audio Meridian de luxe, l’affichage tête haute à réalité augmentée, notamment.
Sur la route
La mission première de ces trois véhicules est de transporter les occupants dans un confort équivalent à celui d’un VUS compact à essence… sans les vibrations et la sonorité de la mécanique thermique bien entendu! Bref, malgré des performances étonnantes, les trois utilitaires ne devraient pas uniquement être jugés pour leur agrément de conduite.
Néanmoins, lors de ce parcours d’environ 150 km, nous avons pu découvrir que le Volkswagen était probablement le plus confortable des trois et qu’il peinait à suivre ses deux rivaux du jour, que ce soit à l’accélération ou même en récupération d’énergie, l’ID.4 qui offre seulement un mode B, contrairement aux quatre modes des deux coréens, dont une fonction de pédale intelligente pour la conduite urbaine. D’ailleurs, le système d’infodivertissement Volkswagen est joli et efficace, mais cette touche tactile (dans l’accoudoir de la portière) permettant de sélectionner les vitres arrière ou celles de la première rangée n’est vraiment pas l’idée du siècle. Au final, l’ID.4 est probablement le VÉ le plus conventionnel des trois.
Les deux autres ont bien entendu présenté des similitudes flagrantes comme le groupe motopropulseur identique ou la présence d’un petit écran tactile pour le contrôle de la température. Si le Hyundai a démontré un comportement neutre et même sportif à l’occasion, c’est le Kia EV6 qui se montre le plus amusant à conduire. Avec son centre de gravité plus bas – et ce dégagement pour la tête moins accueillant –, l’EV6 semble plus planté dans les virages, et ce, sans même devoir brasser ses passagers, la suspension et le châssis rigide qui ont su très bien absorber les horribles trous de la route à ce temps-ci de l’année.
Notre gagnant
C’est le p’tit dernier qui nous a séduits lors de ce match comparatif. Le Kia EV6 GT-Line Groupe 2 nous a vraiment impressionnés au niveau du design, mais également pour l’originalité de son habitacle. Le plat de résistance toutefois, c’est le plaisir qu’on ressent derrière le volant de ce vaisseau amiral coréen. Confortable, bien insonorisé, puissant et agile, l’EV6 se conduit comme une voiture familiale sportive, une sensation rendue possible par le centre de gravité très bas du véhicule.
Et ce n’est que le début, car un Kia EV6 GT est en route pour notre marché… et on a déjà hâte de l’essayer!