Sans subventions, les objectifs canadiens pour les ventes de véhicules zéro émission semblent presque impossibles à atteindre
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Les ventes de VE ont chuté à 7,53 % en avril, bien en deçà du mandat de 20 % qui approche.
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Les constructeurs pressent Ottawa de revoir le mandat ou de ramener les subventions pour éviter de manquer la cible de 2026.
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Le programme électoral des libéraux soutient les incitatifs, mais aucun échéancier n’a encore été annoncé pour de nouvelles aides à l’achat.
Les constructeurs automobiles affichent un optimisme prudent après une rencontre avec le premier ministre Mark Carney, alors que les dirigeants de l’industrie continuent de demander au gouvernement fédéral de reconsidérer le mandat canadien sur les ventes de véhicules électriques, dans un contexte où la demande fléchit et les préoccupations financières s’accentuent.
Des dirigeants de Ford Canada, Stellantis Canada, GM Canada et de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV) ont rencontré Carney à Ottawa cette semaine pour discuter des répercussions des tarifs américains sur la fabrication automobile au pays. Ils en ont profité pour exprimer leurs inquiétudes quant à la faisabilité d’atteindre les cibles canadiennes en matière de ventes de véhicules zéro émission.
Brian Kingston, président de l’ACCV, a indiqué que la rencontre avait laissé tout le monde « prudemment optimiste » face à un possible ajustement de la part d’Ottawa. « Pourquoi imposer un mandat de VE en plus des règlements existants sur les gaz à effet de serre? Ça n’a absolument aucun sens », a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.
Selon la réglementation actuelle, 20 % de tous les nouveaux véhicules légers vendus au Canada doivent être zéro émission dès l’an prochain, pour atteindre 100 % d’ici 2035. Or, les données récentes montrent que les VE représentaient seulement 7,53 % des nouvelles immatriculations en avril, bien loin du seuil exigé.
La fin du populaire programme iVZE en janvier, qui offrait jusqu’à 5 000 $ de rabais à l’achat d’un VE, a été liée à cette chute marquée des ventes. La part de marché des VE est passée de 18,29 % en décembre à 11,95 % en janvier, puis sous la barre des 7 % en mars avant de remonter légèrement en avril.
Kingston a estimé qu’atteindre l’objectif de 2026 nécessiterait 180 000 ventes additionnelles de véhicules zéro émission, un chiffre qu’il juge irréaliste sans nouveaux soutiens majeurs. Il a calculé qu’un retour du rabais de 5 000 $ pour combler cet écart coûterait près d’un milliard de dollars. L’ancien programme a coûté environ 3 milliards sur cinq ans à Ottawa.
Le programme électoral libéral promettait d’examiner la possibilité de ramener des incitatifs allant jusqu’à 5 000 $. En mai, la ministre de l’Industrie Mélanie Joly a indiqué que le gouvernement envisageait de nouveaux « programmes de soutien » pour les acheteurs de VE, tandis que la ministre de l’Environnement Julie Dabrusin a confirmé qu’Ottawa travaille à rétablir un rabais.
Kingston a toutefois prévenu que ces discussions publiques sur un éventuel retour des subventions pourraient freiner les ventes actuelles, les consommateurs préférant attendre. « Si on leur dit que ça s’en vient dans trois mois, plus personne n’achètera de VE d’ici là », a-t-il expliqué. Pour l’instant, aucun calendrier officiel n’a été fourni quant à l’entrée en vigueur d’un nouveau programme.
Pendant ce temps, les États-Unis viennent d’annoncer qu’ils mettront fin à leur crédit d’impôt fédéral pour les VE dès la fin septembre…