La Civic est la voiture la plus vendue au Canada depuis 23 ans et Honda a certes l’intention de voir cette tradition se poursuivre. Avec une concurrence qui ne cesse de se renforcer, la mission devient de plus en plus un défi de tous les instants.
Avec la refonte du modèle pour 2022, l’occasion était belle pour procéder à des changements dignes de ce nom afin d’assurer au modèle la suite de ses succès.
Est-ce que la compagnie a fait ses devoirs ? En grande majorité, oui, mais au passage, on découvre une Civic qui semble avoir reçu une nouvelle mission. La semaine dernière, nous sommes allés faire l’essai du modèle de 11e génération. Voyons ce que ça a donné et tentons de voir clair en ce qui a trait à la suite des choses.
Un style adouci
La 10e génération de la Civic, celle introduite en septembre 2015 pour l’année 2016, a proposé un style très polarisant. D’un côté, ses défenseurs qui trouvaient qu’enfin, la Civic avait du style. De l’autre, ses détracteurs qui se demandaient ce qu’avaient inhalé les designers du modèle.
Ce genre de débats n’aura pas cours avec la nouvelle cuvée, car on a joué la carte du conservatisme. Tout a été adouci, en fait, tant pour la robe que pour l’habitacle qui profite d’une nouvelle approche simplifiée où le centre d’attention est… le conducteur.
Ça va faire jaser, parce qu’on parle de la Civic, mais l’ensemble est davantage « passe-partout ».
À l’intérieur, on a droit à une approche simplifiée, mais ça fonctionne. On trouve rapidement nos repères avec les réglages du fauteuil qui nous accueille ou encore avec les commandes ; ces dernières nous tombent rapidement dans la main. Bien sûr, il faudra plus de temps pour analyser la nouvelle interface du système multimédia, mais ça semble concluant. Le même constat s’applique pour le bloc d’instruments à affichage numérique du modèle essayé (Touring). De l’information claire, hautement configurable et facile à consulter ; la critique est difficile ici.
En fait, si une chose s’est rapidement montrée irritante lors de notre essai, c’est l’intervention de certaines caractéristiques de la suite Honda Sensing, comme l’alerte de sortie de voie.
La dotation
Si la version berline de la Civic vous intéresse, vous avez le choix entre quatre niveaux de finition. Chacun en remet en matière d’équipement, mais dès la version de base, vous allez retrouver l’essentiel. Jetons un coup d’œil à tout cela.
LX : il faut désormais débourser 24 465 $ pour avoir droit au modèle de base de la Civic. On est loin des quelque 15 000 $ qui étaient la norme il y a 10 ans. Au moins, l’équipement est plus adéquat avec un écran tactile couleur de sept pouces, l’intégration des applications Siri Eyes Free, Apple CarPlay et Android Auto, des sièges avant chauffants, le démarrage par bouton-poussoir, un bloc d’instruments montrant une partielle instrumentation numérique, une banquette arrière divisible en proportion 60/40, ainsi que des phares à DEL.
EX : en ajoutant 2300 $, ce qui nous amène à 26 765 $, on profite de quelques éléments intéressants, dont des jantes en alliage de 16 pouces, un toit ouvrant, le volant chauffant, des clignotants intégrés aux rétroviseurs et un système de climatisation à deux zones.
Sport : ici, le nom indique presque tout. En fait, pour 27 865 $, vous avez surtout un modèle qui prend une allure plus sportive avec des roues de 18 pouces à profil bas, des accents extérieurs noirs et un embout d’échappement chromé. À bord, un pédalier sport, des palettes au volant, et un nouveau mode de conduite Sport sont inclus.
Touring : Enfin, pour 30 265 $, vous profitez d’un plus large écran de 9 pouces pour le système multimédia, d’une chaîne audio Bose à 12 haut-parleurs, de l’accès sans fil à Apple CarPlay et Android Auto, d’une sellerie de cuir, d’essuie-glace qui détectent la pluie, d’une connexion internet sans fil, ainsi que de la recharge sans fil pour appareils cellulaires.
Mécaniques
Pour ce qui est des moteurs, l’équation est simple. Avec les trois premières propositions, on vous refile le bloc de base, un 4-cylindres de 2 litres qui annonce 158 chevaux et 138 livres-pieds de couple. Vous ne serez pas toujours le plus rapide avec ce dernier, mais vous allez toujours vous rendre ; on parle d’un modèle en matière de fiabilité.
Avec le modèle Touring, on vous en donne un peu plus grâce au boulot d’un 4-cylindres turbo de 1,5 litre, un moteur que l’on a appris à connaître avec la génération précédente. Avec 180 chevaux et 177 livres-pieds de couple, il assure une belle célérité à l’accélération. Cette dernière se fait cependant sans grande sensation, car seule une transmission à variation continue (CVT) est livrable avec la berline.
Un sérieux faux pas ici. Que vous désiriez ou non la boîte manuelle n’est pas la question. La Civic a toujours été proposée avec ce type de boîte et c’est une façon plus économique de proposer le modèle. Honda oublierait-elle ses racines ?
La boîte mécanique sera livrable avec le modèle à hayon qui sera présenté le 23 juin prochain ; une mince consolation.
Conduite : une vraie Civic ?
Un des éléments qui a toujours fait le charme d’une Civic, c’est sa conduite. Simple, mais dynamique et engagée. Il a toujours été agréable de prendre le volant d’un modèle. Avec la dernière génération, c’était d’autant plus vrai, car les ingénieurs ont trouvé une recette intéressante pour offrir une expérience équilibrée aux conducteurs.
Est-ce mieux avec la nouvelle cuvée ? Oui, mais le pas en avant est plus modeste. On redécouvre une voiture bien équilibrée. Le confort, la direction, l’insonorisation, le freinage, la tenue de route, tout a été bien dosé pour plaire à une majorité. Ce qu’on a peut-être perdu, ou du moins pas amélioré, c’est le caractère incisif du modèle. Vrai qu’avec une CVT, c’est difficile à trouver.
Ce qu’on perçoit, toutefois, c’est cette amélioration annoncée de la rigidité du châssis (torsion et flexion). Ce n’est pas immense, mais perceptible lorsqu’on pousse la voiture. Avec des gommes plus mordantes, ce serait encore plus intéressant et probablement encore plus perceptible.
Malgré tout, on passe un bon moment au volant et à ce titre, la Civic livre exactement ce que son futur acheteur va espérer d’elle. Seulement, pour les nostalgiques du modèle, cette voiture n’a peut-être plus la même âme, du moins dans sa configuration de berline.
Et il y a ce prix de base à 25 000 $ qui est décevant. La qualité y est, mais avec une offre d’entrée encore plus alléchante et une boîte manuelle, l’essence même de la Civic y serait toujours.
Conclusion
La nouvelle Civic est améliorée, n’en doutez pas. Cependant, on avait tellement fait un pas en avant avec la dernière génération que la progression est plus modeste ici. Certains aimeront le nouveau style ou encore la présentation intérieure simplifiée et plus conviviale. L’acheteur trouvera facilement son compte. N’empêche, malgré le pas en avant, on découvre un modèle qui s’est endimanché, pour le meilleur ou pour le pire. Voilà pourquoi on parle d’une nouvelle mission pour le modèle. Et n’oublions pas la mission principale; demeurer la plus populaire de sa horde.
Heureusement, pour celui ou celle qui en veut plus, la variante 5-portes, ou encore l’éventuel Si (ou Type R) offrira plus d’émotion.
La force de la Civic est peut-être devenue l’étendue de sa gamme, finalement.
