Les concessionnaires citent le surplus de VE, les problèmes d’accessibilité financière et la diminution de l’offre de moteurs à combustion interne dans leur appel au président élu Trump.
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Plus de 5 000 concessionnaires demandent une révision des mandats de production de VE, de l’EPA et du CARB.
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Les ventes de VE sont inférieures aux quotas malgré les mesures incitatives, ce qui entraîne un surplus croissant sur les terrains des concessionnaires.
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Les concessionnaires mettent en garde contre le fait que les mandats pourraient peser de manière disproportionnée sur les Américains à faible revenu en augmentant le coût des véhicules.
Le secteur automobile est dans le pétrin au niveau mondial. En Amérique du Nord, au Canada et aux États-Unis en particulier, les constructeurs automobiles jonglent entre les souhaits des consommateurs et les exigences des pouvoirs publics. La plupart du temps, ils sont en désaccord l’un avec l’autre. À mesure que le temps passe et que les nouvelles règles imposées se rapprochent, les concessionnaires sont contraints d’essayer de satisfaire tout le monde, mais, quelle que soit l’entité qui s’exprime, c’est l’acheteur qui a le dernier mot. Et il semble qu’ils veuillent toujours des véhicules à essence.
Aux États-Unis, plus de 5 000 concessionnaires automobiles ont adressé une pétition au président élu Donald Trump pour qu’il reconsidère les mandats de production de véhicules électriques (VE) au niveau fédéral et au niveau des États. Ils invoquent un décalage entre les réglementations gouvernementales et les préférences des consommateurs.
La coalition des concessionnaires affirme que les mandats de l’EPA et du California Air Resources Board (CARB) ont conduit à des quotas de production de VE bien supérieurs à la demande. Malgré les incitations fédérales et nationales, les ajustements de prix des concessionnaires et les remises accordées par les fabricants, les stocks de VE s’accumulent sur les terrains, alors que la demande de véhicules à moteur à combustion interne et de véhicules hybrides reste forte.
Mickey Anderson, président-directeur général de Baxter Auto Group à Omaha, dans le Nebraska, a déclaré : « Nous ne sommes pas contre les VE — nous sommes contre le fait d’ignorer ce dont les consommateurs ont réellement besoin ». M. Anderson est l’un des membres fondateurs de la coalition qui plaide en faveur d’ajustements politiques sous la nouvelle administration.
Les concessionnaires avertissent que les obligations relatives aux VE pourraient déstabiliser le marché de l’automobile en réduisant la disponibilité des véhicules à moteur à combustion interne, qui restent plus abordables et plus pratiques pour de nombreux consommateurs. À mesure que les options de véhicules à moteur à combustion interne se réduisent, les prix des modèles neufs et d’occasion devraient augmenter, ce qui pourrait limiter l’accès aux véhicules pour les Américains à faibles revenus.
Anderson a décrit cet effet comme une « taxe inflationniste », notant que les coûts plus élevés des véhicules pourraient perturber l’accès au transport pour les populations économiquement défavorisées, ce qui aurait un impact sur leur capacité à travailler ou à accéder à des services de garde d’enfants.
La coalition a également mis en évidence les principaux obstacles à l’adoption des VE, notamment leur coût initial élevé, l’insuffisance de l’infrastructure de recharge et leur caractère peu pratique dans les régions froides ou rurales.
Les concessionnaires ont exprimé leur inquiétude quant à un cadre réglementaire « descendant », arguant que les mandats perturbent le modèle de marché traditionnel axé sur le consommateur. M. Anderson a souligné : « Historiquement, le secteur a toujours répondu à la demande des consommateurs, qu’il s’agisse d’une minifourgonnette, d’un VUS ou même de couleurs spécifiques. Cette approche descendante est sans précédent et insoutenable ».
Une attention particulière a été accordée aux États membres du CARB, notamment la Californie, New York et Washington, qui appliquent des réglementations plus strictes en matière d’émissions. En raison de la complexité de la production spécifique à chaque État, les mandats du CARB influencent effectivement la gamme de véhicules à l’échelle nationale, même dans les États qui n’adoptent pas ses politiques.
La coalition des concessionnaires plaide pour une approche plus progressive de l’adoption des VE, permettant au développement de l’infrastructure et à l’intérêt des consommateurs d’atteindre les objectifs de production. Si les concessionnaires restent neutres sur le plan technologique, ils donnent la priorité aux véhicules qui répondent à la demande des consommateurs.
« Construire les voitures que les clients veulent acheter, c’est notre seule exigence », a déclaré M. Anderson.
Les concessionnaires canadiens pourraient également souffrir du même jeu de compression, même dans les provinces avides de VE comme le Québec, où l’élimination complète des nouveaux véhicules à moteur à combustion interne est prévue pour 2035. De nombreux concessionnaires sont confrontés à des niveaux de stocks sans précédent, avec peu ou pas de soulagement en vue, alors que les incitations diminuent ou disparaissent.
Il est fort possible que les États membres du CARB et le Québec suffisent à influencer tous les constructeurs automobiles pour qu’ils gardent le pied sur la « pédale d’accélérateur » en ce qui concerne l’électrification. La réaction des consommateurs sera intéressante à observer. Conserveront-ils plus longtemps leurs vieux véhicules ? La valeur de revente des VE va-t-elle s’effondrer, alors qu’elle est déjà faible ? Les ventes de VE vont-elles ralentir au point de ne plus être viables pour les constructeurs automobiles ? Les constructeurs automobiles seront-ils contraints de réduire le nombre de modèles de VE proposés afin de limiter les coûts de production ?
La prochaine décennie sera très importante dans l’histoire de l’automobile.
Source: Wards Auto