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Les réseaux ferroviaires du Canadien National et du Canadien Pacifique Kansas City ont suspendu leurs activités en raison de conflits de travail.
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C’est la première fois dans l’histoire du Canada que les deux grands réseaux connaissent un lock-out simultané.
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L’industrie automobile nord-américaine s’appuie sur les chemins de fer canadiens pour transporter les composants et les véhicules finis à travers le continent.
Les négociations entre les deux grandes compagnies ferroviaires canadiennes et les représentants syndicaux n’ayant pas abouti à un accord avant la date limite fixée à minuit hier, 9 300 employés ont été mis en lock-out et les deux réseaux sont à l’arrêt.
C’est la première fois dans l’histoire du Canada que les deux principaux réseaux ferroviaires du pays, le Canadian National Railway Co. et le Canadian Pacific Kansas City Ltd., cessent de fonctionner en même temps, ce qui perturbe considérablement l’économie.
Si de nombreuses entreprises canadiennes sont durement touchées par ce lock-out, les entreprises américaines et mexicaines le sont également, car les deux compagnies concernées transportent chaque jour des marchandises d’une valeur d’un milliard de dollars entre les trois pays.
L’une des industries les plus touchées par ces perturbations ferroviaires est l’industrie automobile, qui dépend des trains pour transporter les matériaux et les composants vers ses usines, ainsi que pour acheminer les véhicules finis des usines d’assemblage vers les différentes parties du continent où ils sont destinés à être vendus.
En fait, les constructeurs automobiles comptent parmi les plus gros clients du CN et du CPKC, le premier desservant plus de 12 usines d’assemblage d’automobiles en Amérique du Nord et le second environ 90 % de toutes les usines automobiles au Mexique.
Si l’on considère qu’une très grande partie des voitures et des camions produits au Canada (4 sur 5) et au Mexique sont exportés pour être vendus aux États-Unis, il est facile de comprendre pourquoi tout problème lié au réseau ferroviaire peut entraîner des difficultés considérables pour les constructeurs automobiles, mais aussi pour leurs fournisseurs.
En effet, même si la plupart des pièces sont acheminées par camion vers les usines d’assemblage, la philosophie du « juste à temps » appliquée par les constructeurs automobiles signifie qu’il n’y a pas de stock sur lequel s’appuyer en cas de problème, ce qui oblige à arrêter les lignes d’assemblage dès que les pièces cessent d’arriver.
Cela signifie que les fournisseurs pourraient également devoir interrompre leur production jusqu’à ce que le conflit soit résolu, afin d’éviter des problèmes de surstockage massif dans leurs installations.
En outre, les constructeurs automobiles qui parviennent à se faire livrer tous les composants dont ils ont besoin pour poursuivre leur production pourraient néanmoins choisir d’interrompre leurs activités pendant un certain temps si leurs stocks de véhicules invendus augmentent trop rapidement.
Selon David Adams, directeur de Global Automakers of Canada, ce conflit de travail entre les compagnies ferroviaires et les syndicats pourrait « saper la réputation du Canada en tant que fournisseur fiable », ce qui pourrait dissuader les constructeurs automobiles d’ouvrir de nouvelles usines dans le pays.
Les deux parties au conflit ont accusé l’autre de ne pas prendre les négociations au sérieux, les Teamsters affirmant que les compagnies ferroviaires ne se préoccupent que de leurs résultats financiers au détriment de leurs employés et de l’économie, et les compagnies ferroviaires affirmant que les Teamsters ont refusé de prendre en considération des offres favorables aux employés, à l’entreprise et à l’économie.
Le Canadian Pacific Kansas City Ltd. a demandé un arbitrage obligatoire, une procédure dans laquelle le gouvernement fédéral interviendrait en refusant les grèves et les lock-out jusqu’à ce qu’un accord soit conclu entre les deux parties, afin de limiter l’impact du conflit sur les entreprises et l’économie.
Il est intéressant de noter que les effets du lock-out ne se limitent pas au secteur du fret, car plusieurs services ferroviaires de passagers à travers le pays circulent sur des voies appartenant au CPKC. Cela signifie qu’environ 32 000 utilisateurs des régions de Montréal, Toronto et Vancouver devront utiliser un autre moyen de transport, car les contrôleurs qui pourraient gérer leur train sur le réseau font partie du lock-out.
Les ports craignent également les effets d’une longue interruption de service, car les conteneurs bloqués pourraient provoquer des embouteillages qui entraîneraient le refoulement des navires vers les ports américains.
Source : Automotive News Canada