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Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé un projet de loi visant à interdire les radars photo dans la province.
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Il affirme que cette technologie ne sert qu’à générer de l’argent pour les municipalités et n’améliore pas la sécurité.
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La mairesse et le chef de la police de Toronto sont en désaccord, citant des études à l’appui.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé hier qu’il déposerait un projet de loi qui mettrait fin à l’utilisation des radars photo dans la province.
Selon lui, cette technologie, qui a été introduite dans les zones scolaires et d’autres endroits similaires en 2019, ne rend pas réellement les rues plus sûres.
En effet, M. Ford soutient que les radars photo ne servent qu’à générer des revenus pour les municipalités en émettant des contraventions pour des infractions que de vrais policiers laisseraient passer, comme les conducteurs qui dépassent la limite de vitesse de 5 à 6 km/h.
Le premier ministre a également cité le cas d’un radar photo à Toronto qui a émis 65 000 contraventions à lui seul, totalisant 7 millions de dollars en amendes.
Ce nombre élevé d’infractions est la preuve que les radars photo n’incitent pas les conducteurs à ralentir, dit-il.

Au lieu des radars photo, M. Ford souhaite que les municipalités installent des dos d’âne, des passages pour piétons surélevés et des chaussées plus étroites dans les zones où une vitesse de circulation plus lente est souhaitée. Il a déclaré que son gouvernement pourrait fournir un soutien financier aux villes qui devraient remplacer leurs radars photo par ces mesures de modération de la circulation, mais aucun montant précis n’a été mentionné.
En prévision de l’interdiction potentielle, les municipalités qui ont actuellement des radars photo dans les zones scolaires devront installer des panneaux de signalisation plus grands pour avertir les conducteurs d’ici la mi-novembre de cette année, ainsi que des feux clignotants d’ici septembre 2026.
Le premier ministre Ford se défend des allégations selon lesquelles il céderait à la pression populaire après que plusieurs radars photo à Toronto ont été vandalisés au cours des derniers mois.
Quelques maires de la province souhaitent également le retrait des radars photo, comme le maire de Vaughan, Steven Del Luca, qui cite en exemple des personnes âgées qui n’ont jamais été arrêtées par la police auparavant et qui reçoivent maintenant « une contravention pour excès de vitesse en se rendant au bingo à 23 h ». Sa ville a déjà cessé d’utiliser les radars photo.
Une forte opposition

Tout le monde n’est pas d’accord avec Doug Ford, cependant, notamment la mairesse de Toronto, Olivia Chow, qui soutient que les radars photo rendent bel et bien les rues plus sûres.
Elle cite une étude publiée l’année dernière par l’hôpital pour enfants SickKids qui montre une réduction de 45 % des excès de vitesse dans les zones scolaires urbaines depuis l’introduction des appareils de contrôle automatisé de la vitesse.
Elle affirme en outre qu’à Toronto, les radars photo ne sont installés que dans les zones scolaires, près des maisons de retraite et à proximité des parcs, soit des endroits où les conducteurs et les piétons vulnérables sont susceptibles de partager la route. La mairesse ajoute que l’argent généré par les amendes pour excès de vitesse est consacré à l’aide aux victimes d’accidents de la route et à la police.
La mairesse est cependant d’accord avec la demande du premier ministre d’installer des panneaux de signalisation plus grands pour avertir les conducteurs de la présence des radars photo et elle propose de limiter le nombre de contraventions qu’un conducteur peut recevoir avant d’avoir été avisé de sa première infraction par la poste.

La mairesse Chow n’est pas la seule à soutenir les radars photo, car l’Association des Chefs de Police de l’Ontario a affirmé plus tôt ce mois-ci que les appareils de contrôle automatisé de la vitesse incitent les conducteurs à ralentir et permettent aux forces de l’ordre de consacrer leurs ressources à d’autres enjeux de sécurité publique.
Le chef de la police de Toronto estime également que les radars photo ont contribué à réduire le nombre de morts et de blessés liés aux accidents de la circulation dans la ville.
De plus, Marie-Soleil Cloutier, professeure en sécurité routière à l’Institut National de la Recherche Scientifique (INRS) à Montréal, souligne que les études sur le sujet menées au cours des 20 dernières années sont « quasi unanimes » sur le fait que les radars photo contribuent à réduire les excès de vitesse, les collisions et les blessures.
Ce n’est pas la première fois que l’Ontario tente d’interdire les radars photo sur ses routes. L’utilisation de fourgons radars avait été discontinuée par le premier ministre de l’époque, Mike Harris, en 1995, avant que les radars soient réintroduits sous leur forme actuelle par le gouvernement Ford lui-même en 2019.
Source : Radio-Canada