Essai du Cadillac Escalade iQ Sport 2 2025 : quand l’excès n’est pas encore assez

Cadillac est actuellement le constructeur qui se commet le plus en matière d’électrification pour ses VUS. Certains diront que c’est trop vite considérant la demande, mais l’effort y est et même si ce n’est pas parfait, Cadillac fait d’excellents véhicules électriques. Au sommet de la gamme, on retrouve le gigantesque Escalade iQ qui brille par toute sa démesure.

• L’Escalade iQ produit jusqu’à 750 chevaux et 785 lb-pi de couple
• L’autonomie annonce est de 740 km, en réalité, c’est 451 km
• Il s’agit de l’un des Cadillac les plus technologiques de l’histoire

Pour :

Puissance de la motorisation

Puissance de recharge

Luxe impressionnant

Contre :

Poids indécent

Aspect pratique limité

Valeur de revente faible

Ergonomie souvent difficile

L’Escalade est un modèle phare dans la gamme Cadillac. Avec nous depuis la fin des années 1990, il était hors de question pour la marque de le laisser sur le carreau face à l’électrification. Contrairement à Lincoln qui dort, Cadillac avance dans l’électrification. Le succès et la demande n’y sont pas encore, mais l’effort est là et c’est louable pour ceux qui veulent un produit moderne et technologiquement avancé.

Style moderne et imposant

Étant un Escalade, l’iQ se devait d’être imposant et il l’est. On reconnait immédiatement que ce n’est pas une Escalade régulier, mais il demeure dans l’esprit de la marque qui se distinguer avec une belle évolution des lignes de la marque avec ses véhicules électriques. Le tout a commencé avec le Lyriq et l’Escalade iQ poursuit sur cette lancée avec une grille de calandre démesurée partiellement illuminée. Les blocs optiques aussi sont un spectacle avec leurs larmes en DEL et leur puissant éclairage. Par contre, malgré une facture élevée, ils ne sont pas directionnels!

Avec la version Sport, il n’y a qu’un ensemble de roues de disponible à 24 pouces. Considérant la catégorie, l’acheteur devrait avoir beaucoup plus de choix de jantes, histoire de pouvoir le personnaliser un peu plus. J’aime la silhouette avec un long capot et une cabine déportée vers l’arrière. Cela donne beaucoup de prestance. À l’arrière, les feux verticaux sont reconduits, tradition oblige. Les designers ont réussi le passage de l’Escalade vers l’électrique sans dénaturer le nom.

Luxe ostentatoire, mais avec craquements

Cadillac ne lésine pas sur le luxe. À l’exception de la Celestiq, l’Escalade iQ est le produit le plus prestigieux des 120 ans d’histoire de Cadillac. L’ouverture/fermeture de la portière électrique est possiblement la chose la plus irritante que j’ai expérimentée dans le monde automobile. On peut les désactiver, mais elles sont la fâcheuse tendance à se réactiver seule.

On grimpe à bord, car oui, l’Escalade iQ est haut sur patte. Après tout, on s’assoit sur une batterie à deux étages. Une fois rendu, on découvre des sièges exceptionnellement confortables avec une collection de réglages et tous les attributs nécessaires au confort des occupants.

Devant, on découvre un écran de 55 pouces qui va d’un pilier à l’autre. C’est la mode et permet un design relativement épuré. La qualité graphique et la clarté des images sont sans reproche. Sur ce point Cadillac a fait ses devoirs. Pour la gestion de la majorité des commandes, on passe par un second écran à la console et légèrement incliné. Il faut se promener dans les pages pour avoir accès à tout. Disons que d’un point de vue d’ergonomie, ce n’est pas optimal.

Malgré le fait que l’on soit devant l’un des plus gros écrans de l’industrie, il lui manque une caractéristique pourtant « essentielle » de nos jours : Apple CarPlay. GM s’obstine de ne pas l’intégrer dans ses véhicules électriques. Google Assistant travaille bien, mais on devrait avoir le choix.

Les amateurs de musique seront particulièrement bien servis avec un système de conception AKG à 40 haut-parleurs avec l’ensemble exécutif. Sa qualité le place dans les meilleurs de la catégorie.

Service limité de limousine

À l’arrière, il faut être vigilant dans ses choix. Le modèle à l’essai était équipé de l’ensemble exécutif à 11 395$. Le confort des sièges y est tout aussi princier qu’à l’avant. On obtient des tablettes rétractables, des écrans, une console qui permet tous les conforts. Si vous prévoyez faire du transport de passagers, c’est parfait.

Par contre, leurs réglages limitent l’espace pour l’intégration de sièges d’enfants. De plus, étant des sièges-baquets avec un dossier rigide, ils ne se couchent pas complètement lorsque l’on veut les rabattre pour augment le volume de l’aire cargo. De plus, leurs limites de mouvement rendent l’accès à la troisième rangée presque impossible pour un humain normalement constitué. Pour une visée exécutive, ça marche, mais pour tout le reste, les compromis sont inhabituellement importants considérant la taille de l’Escalade.

Au coffre, les volumes vont de 670 litres avec les trois rangées de sièges en position. Ils vont à 1 958 si l’on ne conserve que les deux premières rangées et l’on passe techniquement à 3 374 litres pour les versions qui ne sont pas avec les sièges exécutifs.

À la fine pointe de la technologie électrique

Considérant que l’on parle de l’un des plus imposants produits Cadillac, il n’y a pas de concession possible. On se base donc sur l’architecture Ultium à 800V répandu chez GM. On utilise donc la même configuration que les HUMMER EV, Chevrolet Silverado EV et Sierra EV. Constitué de deux étages de batteries, on atteint les 205 kWh en matière de capacité, cela en fait l’un des véhicules ayant l’une des plus grosses batteries actuellement sur le marché. Évidemment, qui dit grosse batterie, dit malheureusement un poids conséquent et dans le cas de l’Escalade iQ, on parle d’une pesée de plus de 4 000 kg, soit environ 9 000 livres.

Pour anéantir l’inertie de la masse, on compte sur la présence de deux moteurs électriques dont le total de base est de 680 chevaux et 615 lb-pi de couple. Toutefois, la magie de l’électrification permet de temporairement augmenter la puissance avec le mode V qui autorise donc, le temps de quelques secondes, une puissance de 750 chevaux et 785 lb-pi de couple. Dans cette configuration, le monstre est capable de boucler le 0-100km/h sous les 5 secondes.

Étant de cette puissance et de ce poids, la consommation énergétique est très haute. Durant l’essai et sans abuser outre mesure de la puissance, j’ai eu une moyenne de 2.2 km/kWh ce qui équivaut à environ 45,5 kWh/100km. Alors que Cadillac affirme que l’Escalade iQ a une autonomie de 748 km, durant mes tests, c’est plutôt 451 kilomètres. Cela est donc très certainement une déception.

Toutefois, au-delà de la question de l’autonomie, l’un des points les plus importants en matière d’électrification est la capacité de puissance de recharge. Dans le de cette plate-forme 800V, le véhicule est en mesure de prendre jusqu’à 350 kW. Il est donc possible de récupérer beaucoup d’énergie, très rapidement.

Un mastodonte

À bord de l’Escalade, Cadillac pousse toutes ses plus récentes technologies pour améliorer la conduite. Cependant, il faut se rendre à l’évidence, que tout n’est pas parfait.

La direction est très souple et peu communicative. Sur ce point, l’iQ ne fait pas mieux que tous les autres VUS de ce format. Ce qui m’a le plus déçu : le rendement des suspensions. Je sais que le véhicule est affreusement lourd, mais on a ici des suspensions pneumatiques adaptatives avec des amortisseurs MagneRide de quatrième génération et malgré tout ça, on sent encore toutes les imperfections de la route tout en ayant des sensations de sautillements. Ajoutez à cela des mouvements de caisse importants en accélérations et en virage. Les lois de la physique sont constamment présentes lorsque l’on parle de dynamisme. Pour un produit de cette qualité et surtout le sommet de la gamme Cadillac, c’est difficilement acceptable.

Pour ce qui est du freinage, chez GM on maitrise très bien la technologie de la conduite à une pédale, l’Escalade n’y fait pas exception. Il est possible de jouer avec différents niveaux d’agressivité ou simplement le désactiver. GM propose le SuperCruise dans l’Escalade et comme toujours, il s’agit de l’un des systèmes de conduite semi-autonomie des plus efficaces. C’est l’une des forces de la marque.

À surveiller 

La qualité des véhicules construits sur la plate-forme Ultium est en constante progression, mais il n’en demeure pas moins que l’on parle ici d’une vitrine technologique qui n’est pas sans failles.

Nous en sommes maintenant dans la deuxième année de production de l’Escalade iQ. On reconnait une collection de problèmes initiaux comme la fiabilité du système haute tension où des propriétaires ont eu plusieurs codes d’erreur qui ont plus particulièrement touché la climatisation et la capacité de recharger. Sur ce dernier point, c’est autant à la maison que sur une borne de niveau 3.

En matière d’électronique, les écrans sont beaux, mais ils sont aussi une source de dysfonctionnement très fréquent. Dans cette même veine, la qualité des matériaux impressionne, mais la finition est souvent inégale d’un véhicule à l’autre. D’un point de vue d’ergonomie, il y a trop de menus pour être intuitif. La configuration de l’arrière pose aussi plusieurs problèmes, l’accès à la troisième rangée et les limites de l’aire cargo avec les sièges exécutifs.

Pour ce qui est de la valeur, on peut s’attendre à une forte dépréciation. Il est donc fortement conseillé de le louer plutôt que l’acheter. Et parlant de couts de possession, le prix de remplacement des pneus ses très élevés en raison de la dimension inhabituelle et de la rareté.

Conclusion

Cadillac ne pouvait pas vraiment manquer le passage à l’électrique avec l’Escalade iQ. Pourtant, c’est le sentiment que je retire de mon essai. Le produit est exceptionnel à bien des points, mais n’atteint que rarement les attentes pour un véhicule, dont le prix frise les 200 000$. Les ajustements à faire sont nombreux à faire, mais ils ne sont pas insurmontables si Cadillac met les efforts nécessaires.