L’impact de l’élection Québec 2022 sur la voiture électrique et les transports

 

Élections 2022 véhicules électriques
THE CANADIAN PRESS/POOL/Martin Chevalier

 

L’élection provinciale 2022 est un sujet chaud à l’heure actuelle au Québec et elle continuera de dominer l’actualité jusqu’au 3 octobre prochain lorsque les Québécois et Québécoises seront appelés à élire le prochain gouvernement.

 

La santé, les garderies et l’éducation sont au cœur des débats, mais nous retrouvons aussi des opinions très variées d’un parti à l’autre sur le sujet des transports, notamment au niveau de l’électrification.

 

La taxe Camry

 

Alors que le débat du 15 septembre dernier aurait pu permettre d’en apprendre plus sur les engagements de chaque parti sur la question des véhicules électriques et les transports en général, on a plutôt eu droit à une cacophonie incessante et fort désagréable d’une utilité à peu près nulle. Ceci dit, nous avons tout de même eu quelques bribes intéressantes, dont une qui mettait en vedette la bonne vieille Toyota Camry.

 

Toyota Camry 2023
Toyota Camry 2023 XSE | Photo: Toyota

 

Comme vous l’avez assurément entendu, le premier ministre actuel François Legault de la CAQ a accusé le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois de vouloir taxer davantage les véhicules neufs, citant la Toyota Camry en exemple.

 

« J’ai une question pour M. Nadeau Dubois, une Toyota Camry, ça va couter 4300 $ de taxe orange […] pensez-vous que c’est le temps de mettre des taxes comme ça, avec l’inflation avec la situation que vivent les Québécois actuellement ? »

 

Tout d’abord, il est important de mentionner que ce que le premier ministre a affirmé est faux. En réalité, seules deux versions de la Toyota Camry, propulsées par le moteur V6 uniquement, seraient touchées par le plan de Québec solidaire et donc sujettes à une taxe supplémentaire de 15%. La majorité des modèles Camry seraient exclus.

 

Ce moment clé du débat a confirmé ce que nous savions déjà, soit que chaque parti politique a sa propre vision sur l’avenir des transports et l’électrification. Afin de vous aider à y voir plus clair, nous avons pensé résumer ici ce que chaque formation propose aux Québécois et Québécoises lors de l’élection Québec 2022.

 

Québec Solidaire

 

Le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois
Photo: THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson

 

Le plan vert de Québec solidaire dévoilé au début du mois de septembre vise à retirer les véhicules à essence des routes du Québec d’ici 2040 et réduire de manière significative les émissions polluantes d’ici 2030.

 

Pour arriver à ces fins, QS propose les éléments suivants :

 

  • Interdire les ventes de véhicules dotés d’un moteur à essence à partir de 2030
  • Interdire l’immatriculation des véhicules avec un moteur à essence à partir de 2040
  • Ajouter une taxe supplémentaire de 15% sur les véhicules à grosse cylindrée qui émettent 210 grammes et plus de CO2 par kilomètre
  • Exemption de la surtaxe de 15% pour les familles avec plus de trois enfants et les véhicules de travail (la fameuse plaque F)
  • Exemption si l’achat d’un véhicule émettant 210 grammes et plus de CO2 par kilomètre est nécessaire à la région, le travail ou encore l’état des routes
  • Maintien des rabais et incitatifs du Programme Roulez Vert
  • Investissement de 74 milliards de dollars dans les transports collectifs
  • Obliger les constructeurs à envoyer plus de véhicules électriques

 

Le plan de Québec solidaire en matière des transports et des véhicules électriques est très agressif. Le plan devance l’échéancier pour interdire les véhicules à essence de cinq ans (2030 au lieu de 2035) tout en interdisant les véhicules à essence de circuler à partir de 2040.

 

Pour ce qui est de la surtaxe sur les véhicules polluants, elle concerne les véhicules qui émettent 210 grammes et plus de CO2 uniquement et QS affirme déjà que des exemptions seront données lorsque l’achat d’un véhicule concerné est nécessaire. On parle d’exempter les familles avec plus de trois enfants et ceux et celles qui conduisent dans des conditions difficiles ou qui effectuent un travail nécessitant un camion ou encore un VUS. Dans le cas de la fameuse Camry, ce serait uniquement les modèles à moteur V6 qui seraient touchés tandis que la majorité des camions, VUS et minifourgonnettes seraient surtaxés.

 

L’autre élément un peu plus ambigu est la notion d’obliger les constructeurs à fournir plus de véhicules électriques. Tout comme il sera complexe de déterminer si un acheteur a réellement besoin d’un véhicule considéré polluant afin d’éviter la surtaxe, il sera complexe d’obliger les constructeurs à donner à la province plus de véhicules, sachant que nous sommes qu’un marché parmi plusieurs en Amérique du Nord.

 

S’il est vrai que le Québec représente un marché très lucratif pour les véhicules électriques, c’est beaucoup moins évident qu’un gouvernement du Québec aurait la capacité de modifier les intentions des manufacturiers.

 

Coalition avenir Québec

 

Le chef de la Coalition Avenir Québec François Legault
Le chef de la Coalition Avenir Québec François Legault
Photo: THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz

 

  • Interdire les ventes de véhicules dotés d’un moteur à essence à partir de 2035
  • Imposé des cibles minimales de vente de véhicules électriques aux constructeurs afin d’atteindre 1,6 million de véhicules électriques sur les routes d’ici 2030
  • Investissements de 40 millions de dollars dans la création du Centre intégré sur les batteries électriques en Mauricie. Le centre se spécialiserait dans la recherche sur les batteries pour véhicules électriques
  • Tripler le nombre de bornes de recharge de niveau II sur le réseau
  • Ajouter 250 bornes de recharge rapide publiques
  • Maintenir les subventions actuelles du programme Roulez Vert

 

La CAQ propose essentiellement le statu quo concernant les taxes, les incitatifs du programme Roulez Vert et les échéanciers. Par contre, le gouvernement Legault souhaite bonifier le réseau de bornes de recharge tout en investissant dans le développement de batteries ici au Québec.

 

Parti québécois

 

Le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon
Le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon
Photo: THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes

 

  • Forcer les constructeurs automobiles à vendre 25% de véhicules électriques d’ici 2023 et 50% de véhicules électriques d’ici 2025. D’ici 2027 cette proportion grimpe à 75%.
  • Interdire la vente de véhicules neufs à essence d’ici 2030
  • Augmenter le nombre de bornes de chargement
  • Offrir à nouveau 8 000$ de rabais maximal sur l’achat d’un véhicule électrique

 

Comme Québec solidaire, le Parti québécois veut forcer la main des constructeurs afin de bonifier l’offre des véhicules électriques dans la province. Citant les délais trop longs pour obtenir un VÉ, le PQ aura le même défi que Québec solidaire, soit convaincre les constructeurs de prioriser le Québec. D’ailleurs, la majorité des constructeurs priorisent déjà le Québec avec leur offre de véhicules électriques.

 

Ailleurs dans le monde, la stratégie d’obliger un pourcentage de ventes de véhicules électriques aux constructeurs a eu des résultats mitigés. Outre la Norvège avec un parc automobile composé de plus de 60% de véhicules électriques, aucun autre pays en Europe n’a plus de 20% de son parc automobile électrifié.

 

Parti libéral

 

  • Tripler le nombre de bornes de recharge au Québec
  • Obliger l’ajout de bornes de recherche dans toutes les nouvelles constructions
  • Exiger les constructeurs à afficher plus clairement la consommation de leurs véhicules dans les publicités

 

Le Parti libéral vise aussi de bonifier le réseau de bornes de recharge tout en souhaitant mieux informer les consommateurs sur la consommation de carburant des différents véhicules.

 

Parti conservateur

 

Le chef du Parti conservateur Eric Duhaime
Le chef du Parti conservateur Eric Duhaime
Photo: THE CANADIAN PRESS / Jacques Boissinot

 

  • Favoriser la production de véhicules électriques au Québec
  • Suspendre la TVQ sur l’essence
  • Réduire progressivement les subventions sur l’achat des véhicules électriques

 

Sans surprise, le Parti conservateur irait dans une autre direction que QS, le PQ, mais aussi les libéraux et la CAQ. Le bras québécois du parti reprend les grandes lignes du Parti conservateur du Canada, soit de favoriser le développement de nos propres véhicules électriques afin de ne pas acheter à l’extérieur du pays. De plus, un gouvernement conservateur réduirait les subventions sur l’achat de véhicules électriques puisque ces dernières ne sont plus pertinentes selon le chef Eric Duhaime.

 

Sources :

TVA Nouvelles

La Presse

Radio-Canada

La Presse

Radio-Canada

Le Devoir

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