-
Les pneus modernes sont composés d’environ 50% de caoutchouc naturel, et certaines compagnies veulent augmenter cette proportion.
-
Le caoutchouc naturel provient des arbres hévéas, qui sont plantés dans d’anciennes forêts tropicales.
-
Puisqu’ils sont plus lourds, les VÉ peuvent user les pneus 30% plus rapidement qu’un modèle à essence comparable.
Selon de nouvelles études réalisées à l’aide de satellites sophistiqués, les hévéas (aussi appelés arbres à caoutchouc) sont une cause majeure de déforestation, et les véhicules électriques pourraient aggraver ce problème.
En effet, le besoin toujours croissant de caoutchouc pousse les entreprises et les gouvernements à convertir de grandes parties des forêts tropicales en monocultures d’hévéas dans le monde entier.
Il est évident que cela a un impact environnemental majeur sur toutes les espèces qui vivent dans les forêts tropicales, dont beaucoup sont menacées d’extinction.
Malgré les campagnes visant à mettre un terme à la déforestation pour le cacao, le café ou l’agriculture, entre autres, les effets de l’industrie du caoutchouc sur cette question ont été très peu contestés.
En effet, le public n’est guère conscient du fait que le caoutchouc est un produit naturel, bien que l’hévéa soit utilisé dans des applications industrielles depuis près de deux siècles déjà.
Les 2,3 milliards de pneus fabriqués chaque année utilisent environ 70 % de la production mondiale de caoutchouc naturel, et le nombre croissant de nouveaux véhicules immatriculés chaque année dans le monde favorise l’expansion des plantations d’hévéas.
Ce problème n’est pas près de s’arranger, puisque les grandes entreprises de pneumatiques telles que Michelin affirment vouloir augmenter la proportion de caoutchouc naturel utilisée dans leurs pneus afin de réduire l’impact environnemental perçu.
À l’heure actuelle, la plupart des pneus modernes sont constitués d’un mélange égal de caoutchoucs naturels et synthétiques, qui sont mélangés pour conférer aux pneus les propriétés nécessaires, telles que la résistance au froid et une meilleure adhérence.
Le caoutchouc synthétique étant fabriqué à partir d’huile minérale, un produit issu des combustibles fossiles, sa production est mal perçue par les groupes de défense de l’environnement et le public. D’un autre côté, le manque d’informations sur la déforestation causée par les plantations d’hévéas signifie que l’utilisation du caoutchouc naturel est exemptée de la plupart des critiques.
Selon les experts, si la réduction de la dépendance de l’industrie du pneu à l’égard des combustibles fossiles semble être une bonne mesure de protection du climat, son effet sur la déforestation pourrait en fait la rendre plus dommageable pour la planète dans son ensemble.
En outre, l’augmentation de la part de marché des véhicules électriques dans des pays clés tels que la Chine et les États-Unis, ainsi que les propositions d’interdiction des modèles à moteur à combustion au cours de la prochaine décennie, pourraient accroître considérablement le besoin de plantations d’hévéas.
En effet, les véhicules électriques sont beaucoup plus lourds que les véhicules de taille similaire équipés d’un moteur à essence ou diesel, ce qui signifie qu’ils usent leurs pneus plus rapidement.
Selon Goodyear, cette augmentation de l’usure pourrait même atteindre 30 % avec des pneus conventionnels.
L’une des solutions proposées pour résoudre ce problème consistera à fabriquer des pneus spécialement conçus pour les véhicules électriques, dont un grand nombre sont actuellement en cours de développement.
Une autre façon de s’assurer que la production de pneus ne contribue pas à la déforestation serait de mettre en place un processus de contrôle qui permettrait de suivre l’utilisation du caoutchouc naturel depuis l’arbre jusqu’aux pneus finis, comme c’est déjà le cas pour d’autres produits qui causent la déforestation.
À l’heure actuelle, un seul pneu est certifié FSC : un modèle Pirelli introduit en 2021 spécialement pour BMW.
Les spécialistes affirment également que la promotion de l’agroforesterie (plantation d’hévéas parmi d’autres types d’arbres) par rapport aux plantations en monoculture pourrait atténuer l’impact sur la faune et le climat tout en produisant un rendement similaire de produits en caoutchouc.
Source : YaleEnvironment360
