Cet après-midi, j’ai appris le décès de M. Jacques Duval. Parce que rien n’arrive pour rien, j’étais dans une librairie en train de feuilleter des revues d’automobiles. Je ne crois pas aux signes, mais je me plais à penser que c’en était un.
Pendant les prochains jours, les gens se rappelleront de ses exploits en course automobile, de ses débuts à la radio et de son défrichage du journalisme automobile au Québec. Métier que je pratique fièrement depuis une décennie. Je prends un bref instant pour me rappeler de ma première rencontre avec M. Jacques Duval.
À l’été 2008, j’avais 12 ans. Je venais de terminer ma sixième année et j’angoissais à l’idée d’aller à l’école des grands dans les semaines qui suivaient. Alors que je profitais gaiement de la piscine des voisins du chalet à Crabtree, mes parents se promenaient au village. Au loin, ils ont aperçu une voiture qui ressemblait à une Porsche 911. Mais ce n’était pas une Porsche 911. En passant devant, ils ont réalisé que c’était la nouvelle Audi R8. Elle venait tout juste de sortir et personne ou presque ne l’avait encore vue en vrai. Et qui se trouvait à côté de la super voiture? M. Jacques Duval lui-même. Mes parents lui ont échangé quelques politesses et mon père n’a pas manqué de lui dire qu’il possédait la collection complète des Guide de l’auto.
Sur le chemin du retour, mes parents arrêtent sur le bord de la piscine pour me raconter leur aventure. Vous n’avez jamais vu un petit gars sortir de la piscine aussi vite, se sécher en vitesse, enfiler une paire de gougounes et partir en direction de la R8, oui, mais surtout de M. Jacques Duval.
Un peu essoufflé, j’arrive devant la maison. Hélas, il n’y a plus personne. Avec tout mon culot, je sonne à la porte. À la fois timide et déterminé, je demande si Jacques Duval est là. On me répond qu’il est en train de souper sur la terrasse avec de la famille et des amis. On me dit de patienter un instant. Une fraction de seconde plus tard, je vois la porte de la clôture s’ouvrir. L’espoir est là. M. Jacques Duval s’avance vers moi. Je lui tends tranquillement ma main tremblotante de jeune ado. Et après ça, je n’ai aucun souvenir de ce que j’ai bien pu lui dire. Notre rencontre a duré quelques minutes. Voyant mon intérêt pour sa personne, mais aussi pour la R8, il a ouvert la porte et m’a invité à y prendre place. J’étais aux anges. Il a ensuite fait démarrer le moteur V8 pour que je l’entende rugir. Je n’en demandais pas tant et j’ai été instantanément conquis.
Un petit moment. Quelques minutes, pas beaucoup plus que ça. Avec l’idole du petit garçon que j’étais. Les cheveux encore un peu mouillés, je suis retourné au chalet ensuite. L’idée de devenir journaliste automobile me trottait dans la tête et cette courte rencontre authentique entre deux passionnés m’a solidement animé et ce rêve professionnel ne m’a jamais quitté.
Alors qu’il était à l’approche du fil d’arrivée pendant que j’écrivais mes premiers textes à la ligne de départ, nos chemins professionnels ne se sont croisés qu’une seule fois. Mon collègue Antoine Joubert et moi étions à la barre d’une émission de radio portant sur l’automobile et nous l’avions interviewé à l’occasion du 100e épisode. Généreux quand il racontait ses souvenirs, il a été chic et gentleman. Aujourd’hui, c’est ce dont je me rappelle.
L’équipe d’Ecolo Auto tient à transmettre ses plus sincères condoléances aux parents et amis de M. Jacques Duval.