Atlanta, Géorgie — La marque Genesis n’est vieille que de six ans, il ne faudrait pas l’oublier. Elle a connu des débuts modestes, par choix. En effet, plutôt que d’attaquer le marché avec des VUS, les modèles les plus populaires auprès des consommateurs, la firme a d’abord accouché de voitures (G90, G80 et G70, dans l’ordre), avant de nous proposer un premier utilitaire.
Une drôle de stratégie, il faut en convenir, mais le constructeur savait ce qu’il faisait. En y allant avec des voitures et un plus petit volume, il établissait parallèlement et tranquillement son réseau de distribution, peaufinait son modèle d’affaires et s’assurait que tout fonctionnait rondement en matière de qualité (services offerts et assemblage).
C’était une chose de promettre la lune ; encore fallait-il être capable de la livrer.
Le résultat, c’est que les trois premières années n’ont pas été reluisantes au chapitre des ventes. À l’arrivée du premier VUS, on a vu la tendance se renverser. Puis, lorsque le deuxième (GV70) a été présenté, ça a été la consécration.
Bien qu’il ne soit vieux que de deux ans, il s’agit du meilleur vendeur de la marque. Il est déjà une vedette auprès des acheteurs. C’est à peine si l’on répond à la demande.
Et voilà que la variante électrique débarque. Considérant la popularité sans cesse croissante des véhicules à batterie au Québec, on doit parler de l’arrivée d’une super vedette.
Va-t-elle réaliser tout son potentiel ?
Pour analyser la chose d’un peu plus près, nous sommes allés faire un tour du côté d’Atlanta, en Géorgie, où Genesis tenait le lancement officiel de son modèle. Voici ce qui a retenu notre attention.
Secret électrique
Généralement, les constructeurs aiment distinguer le style des modèles électriques qu’ils proposent. C’est tout l’inverse avec ce GV70 qui ne porte aucun signe indiquant son mode de propulsion. Le principal indice se trouve à la grille qui, en plus d’adopter une surface fermée (pas besoin d’air sous le capot), cache une trappe qui cache à son tour le port de recharge. Le bouclier est légèrement différent, aussi, mais il faut vraiment s’y attarder pour le remarquer.
Pour expliquer cette approche, il suffit de s’en remettre à la philosophie de l’entreprise et aux résultats de ses recherches auprès de groupes cibles. On aimerait la discrétion chez la clientèle.
Oh, il n’y a pas d’embouts d’échappement à l’arrière, avant que vous souleviez le point.
Du reste, le GV70 proposait déjà des lignes séduisantes. Disons que sa contrepartie électrique jouit de bonnes bases à ce chapitre.
Quant à sa structure, il s’agit d’une version modifiée de la plateforme qui sert le modèle régulier, avec les batteries dispersées dans le plancher. L’accent a été mis sur la rigidité alors qu’on fait des gains de 24 % à ce niveau. Les pertes en volume à l’intérieur son négligeables ; des poussières.
Le cœur
Pour animer ce GV70 électrique, Genesis fait appel à une configuration à deux moteurs de 160 kW, chacun situé sur un essieu, offrant du coup le rouage intégral. La taille de batterie est de 77,4 kWh.
Tout cela se traduit par une puissance de 429 chevaux, laquelle peut grimper à 483 forces lorsqu’on enfonce une touche du volant portant les lettres B-O-O-S-T. L’effet dure 10 secondes et on peut le répéter infiniment. Même un freinage n’annihile pas l’effet.
Est-ce utile ? Non, car la puissance est à la base suffisante pour n’importe quel dépassement. Est-ce amusant ? Oh que oui ! On ne se racontera pas de sottise, toutefois, c’est un truc qui est là pour vendre, car on peut annoncer des chiffres plus impressionnants. C’est de bonne guerre.
Quant à l’autonomie, elle est évaluée à 383 kilomètres. C’est bien, mais on en aurait souhaité plus. Il faudra voir si d’autres versions plus généreuses en la matière vont éventuellement être proposées.
Et la recharge ? Grâce à son architecture de 800 volts, le GV70 est en mesure d’offrir des temps rapides. Genesis fait état de 18 minutes pour faire passer la charge de 10 % à 80 %, sur une borne de 350 kW, avec une puissance maximale de 240 kW. Un arrêt de 5 minutes permet de récupérer 100 km, selon le constructeur. Sur une borne de niveau 2, on affiche un temps de 7 heures. C’est 68 heures si jamais vous êtes forcés d’utiliser une simple prise de courant.
Un modèle
Une seule version sera proposée au Canada, la Prestige AWD. Son prix, fixe et non négociable à travers le pays, est de 84 000 $.
Sans surprise, un coup d’œil à la dotation confirme une offre, voire complète. On vous livre un modèle pourvu d’une suspension électronique qui analyse la route devant, de modes de conduite, de roues en alliage de 20 pouces, d’un toit panoramique, de sièges avant chauffants et ventilés, d’un système de climatisation automatique à trois zones, des applications Apple CarPlay et Android Auto, de la recharge sans fil pour appareils cellulaires, des services connectés de Genesis, de la capacité V2L (qui peut renvoyer du courant à la maison pour alimenter ce que vous voulez), ainsi que d’une kyrielle de caractéristiques de sécurité et d’aides à la conduite.
Tout cela est présenté dans un environnement riche dont le design et la qualité n’ont pas à rougir. Genesis impressionne sur ce plan.
Pour terminer avec l’habitacle, mentionnons la présence de deux écrans massifs ; 12,3 pouces en lieu et place du bloc d’instruments (affichage tête-haute inclus), 14,5 pouces à la console centrale pour le système multimédia et la navigation. L’intérieur de notre modèle, montrant la teinte blanc glacier, était du plus bel effet. Il va exiger une surveillance de tous les temps, cependant, pour garder son lustre.
Au volant
Ça va prendre plus qu’une demi-journée au volant pour y aller d’une analyse complète de ce véhicule, mais le premier contact a été probant. Les performances sont au rendez-vous. Le GV70 électrique modèle montre un aplomb impressionnant sur la route et son niveau de confort est irréprochable.
Après 45 minutes, la fonction de massage des sièges s’active même automatiquement ; le traitement royal.
Un mot sur le freinage régénérateur. Le quatrième et dernier niveau permet une conduite à une seule pédale, avec un maximum de récupération d’énergie. Une nuance, toutefois. Lorsqu’on démarre au niveau 4, les quatre roues motrices sont en fonction, ce qui demande plus d’énergie. Blake Wanser, un des ingénieurs qui a travaillé sur le GV70, expliquait que le niveau 3 était le plus efficace. En fait pour soutirer le maximum, il faudrait ralentir au niveau 4 et réaccélérer au niveau 3. C’est heureusement facile à gérer, puisqu’on utiliser les palettes au volant pour monter ou descendre d’un niveau.
La suite des choses
Nul doute, le GV70 électrique a tout pour devenir une vedette au sein de la gamme Genesis. Les dirigeants l’anticipent, d’ailleurs.
Ce qui sera intéressant à surveiller, c’est la réponse du public. Avec des prix alléchants dans l’univers du prestige, Genesis a séduit de nouveaux acheteurs. Avec un GV70 à 84 000 $, quelque 95 000 $ avec les taxes, elle s’adresse à la clientèle typique de produits de luxe. La convaincre va demander plus d’efforts.
La bonne nouvelle, c’est que le GV70 est honorable.