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Le multisegment est déjà un produit très populaire en ce moment.
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Le Q4 e-tron offre le même niveau de puissance que dans le Volkswagen ID.4.
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La qualité d’exécution est la même que dans les autres véhicules de la marque.
Le constructeur aux quatre anneaux n’est peut-être pas le plus en vu dans ce virage électrique de l’industrie, ça ne l’empêche pas de participer aux efforts, et ce, depuis plusieurs mois déjà. Mais jusqu’ici, Audi s’est surtout intéressée à une clientèle habituée aux tarifs supérieurs à 100 000 $ avec la gamme e-tron GT et e-tron (bientôt Q8 e-tron pour 2024).
La gamme électrique aurait normalement dû être bonifiée à l’automne 2021, mais l’arrivée du Q4 e-tron et de son penchant Sportback a finalement été repoussée à l’automne dernier. En temps de crise d’approvisionnement, un an de retard est presque normal.
Mais bon, le voici enfin ce véhicule électrique plus abordable, le Q4 e-tron qui fait appel à l’architecture MEB du groupe Volkswagen, contrairement aux deux autres véhicules électriques de la marque. Et comme la vie fait bien les choses parfois, le sort a voulu que je teste le véhicule en plein vague de froid extrême, le sud-ouest du Québec qui a frôlé les -40°C par moments entre le 3 et le 4 février dernier.
Je me confesse, je ne suis pas sorti dehors pendant cette baisse de température extrême, mais j’ai au moins pris le temps de constater l’autonomie franchement réduite dans l’écran situé derrière le volant. La jauge d’information indiquait une distance possible de 210 km, alors que la veille, l’écran affichait plutôt 260 km lorsque j’ai branché le véhicule à ma borne résidentielle.
Heureusement, j’ai repris le volant du Q4 e-tron 2023 par la suite. Voici ce qui est ressorti de cet essai routier hivernal.
Tour du propriétaire
Comme je l’ai mentionné plus haut, le Q4 e-tron repose sur une base Volkswagen, mais en surface, le VUS électrique est exclusivement Audi, une bonne nouvelle si vous voulez mon avis. Et même si les proportions sont les mêmes, le département de design de la division aux quatre anneaux a réussi à camoufler les origines plus modestes du Q4. Le bouclier fait toujours appel à une « grille de calandre » proéminente, mais celle-ci est pleine, comme c’est le cas pour une majorité de véhicules électriques. J’aime particulièrement la façon dont ce panneau s’intègre à la devanture du multisegment, tandis que l’ensemble extérieur S-Line ajoute une dose d’agressivité à la portion inférieure du bouclier.
Sur les flancs, les plus curieux auront peut-être remarqué ces stries qui mettent en valeur les ailes bombées du véhicule, un détail qui rappelle l’héritage en sport motorisé de la division aux quatre anneaux. Les jantes de 20 pouces sont quant à elles de bonne taille pour remplir ces arches de roues.
Finalement, la portion arrière du multisegment est plus conventionnelle avec une lunette arrière assez restreinte en hauteur et un feu de position qui traverse le véhicule de gauche à droite. Ce qu’il faut retenir, c’est que malgré un design mature, le Q4 e-tron préfère la discrétion plutôt que l’extravagance de certains modèles électriques.
Et à l’intérieur alors?
Les habitués de la marque ne seront absolument pas dépaysés par cet habitacle assemblé avec soin. Audi fait bonne figure à ce niveau depuis plusieurs années et le Q4 e-tron respecte cette ligne de conduite malgré ses liens avec le Volkswagen ID.4.
D’ailleurs, contrairement à son équivalent populaire, le Q4 préfère une série de boutons plutôt que des touches tactiles pour le contrôle de la climatisation, tandis que l’écran central fait partie de la planche de bord plutôt que d’être installé par-dessus cette dernière. Le fait qu’il soit orienté dans un angle favorable au conducteur est un plus ici, mais la réactivité de l’écran est une autre qualité de ce dernier. Les icônes sont de bonne taille et la qualité des graphiques est excellente, mais il y en a beaucoup. J’ai parfois dû m’arrêter pour comprendre les multiples applications du système d’infodivertissement.
J’ai aussi dû prendre quelques instants pour comprendre comment baisser le volume de la chaîne audio sans l’aide du volant multifonctions. Logée sur la console centrale, cette touche arrondie est simplement tactile. Pour augmenter ou baisser le volume, le conducteur n’a qu’à tourner dans le sens horaire ou dans le sens opposé.
Pour la transmission, c’est très simple, Audi a intégré ce petit rectangle qui fait office de levier de vitesses. Il faut dire que l’étroitesse du Q4 limite les possibilités à cet endroit, contrairement aux véhicules plus larges de la marque. Puis, il y a ce volant aplati qui, je me dois de le mentionner, est très agréable à prendre en main, notamment grâce à ce cuir perforé.
Ce n’est pas aussi reluisant au niveau de l’espace, le Q4 e-tron qui reprend le squelette de l’ID.4, ce qui explique pourquoi trois adultes trouveront qu’il manque d’espace à la banquette arrière, malgré un plancher plat. En revanche, le sièges du multisegment sont suffisamment moelleux pour soutenir quatre adultes pendant au moins 380 km, l’autonomie estimée par Ressources naturelles Canada. Finalement, l’espace cargo est exactement le même que dans un Q5, le Q4 e-tron qui offre aussi un espace de rangement sous le plancher du coffre pour le chargeur ou pour n’importe quel autre objet de valeur à dissimuler à l’abri des regards.
Un multisegment confortable et agile, mais…
Normalement, un véhicule Audi trouve le moyen de se distancer de son équivalent Volkswagen, mais dans ce cas-ci, le Q4 e-tron ne livre rien de plus que la livrée la plus puissante de l’ID.4. La paire de moteurs électriques livre donc la même puissance combinée de 295 chevaux et le couple optimal de 339 lb-pi que dans le cousin de plateforme. Ce sont des statistiques amplement suffisantes pour mouvoir ce véhicule alourdi par son bloc de batteries d’une capacité de 82 kWh, mais pas assez pour inquiéter des modèles concurrents comme le Volvo XC40 Recharge ou le Tesla Model Y qui propose des niveaux de puissance avoisinant le 400 chevaux.
Là où le Q4 se reprend de belle manière, c’est derrière le volant, le multisegment qui fait tout de même mieux que le Volkswagen ID.4 à ce chapitre. La direction est plus engagée et la suspension, bien que conçue pour le confort avant tout, est suffisamment ferme pour autoriser des virages à cadence élevée. Et n’oublions pas le rouage intégral qui peut, dans des conditions optimales, déconnecter l’essieu avant pour augmenter l’autonomie.
Malheureusement, le freinage n’est pas la plus grande force du Q4, le véhicule qui fait appel à des tambours au deuxième essieu, à l’instar du Volkswagen. Il serait intéressant de voir à quel point une paire de disques à cet endroit transformerait le Q4. En fait, le développement d’une variante SQ4 pourrait régler mes deux plus grandes critiques à propos du plus abordable des e-tron : la puissance et le freinage.
L’autonomie (grandement) affectée par la température glaciale
Si on se fie aux calculs de l’ÉnerGuide canadien, l’Audi Q4 e-tron 50 Quattro est capable de rouler sur une distance de 380 km entre les recharges. Mais, en réalité, l’autonomie affichée derrière le volant tournait davantage aux alentours des 260 km pendant mes journées du mois de février, ce qui représente une perte d’environ 30 %. Lors du fameux samedi matin le plus froid de l’hiver, l’autonomie théorique à l’écran du VUS est même descendue à 210 km, presque la moitié du parcours prescrit. Mais bon, ces conditions n’arrivent que très rarement. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter à propos de cette perte d’autonomie passagère.
L’ÉnerGuide annonce également une consommation combinée de 22,6 kWh/100 km, mais ma semaine d’essai s’est plutôt soldée par une moyenne de 27,2 kWh/100 km, un résultat attribuable aux températures extrêmes des derniers jours, mais également par l’enthousiasme de mon pied droit pour voir comment se comporte le multisegment à l’accélération. Une utilisation plus douce et plus urbaine aurait certainement abaissé cette donnée.
En conclusion
Le constructeur a enfin un modèle qui peut attirer un public élargi intéressé par la manne électrique, mais aussi par le format utilitaire compact. Les deux premiers véhicules électriques de la marque sont aussi impressionnants que les tarifs attachés à ceux-ci, mais ils s’adressent à une clientèle plus huppée. Le Q4 e-tron est même éligible à des rabais gouvernementaux. En fait, Audi ne répond même pas à la demande en ce moment. Sur le site web canadien de la marque, le constructeur annonce déjà la version 2024 du modèle, ce qui confirme que les délais d’attente sont encore assez longs. Cette crise d’approvisionnement met vraiment des bâtons dans les roues de toutes les sphères de l’industrie.